Nicaragua - Nouvelles
Le Nicaragua est reconnu pour son ambiance très chill et pour ses vagues qui déferlent à l’année. Puis soudain, le 18 avril dernier, la paix est rompue. Ce qui débute comme une simple manifestation étudiante dégénère rapidement en crise politique majeure, plongeant le pays dans le chaos et obligeant plusieurs voyageurs à changer leurs plans. Voici 5 éléments pour t’aider à mieux comprendre ce qui se passe au paradis des vents off-shore.

1. Daniel Ortega : un révolutionnaire sandiniste qui a changé son fusil d’épaule
Le président actuel, Daniel Ortega, a une longue histoire derrière lui. Ancien guérillero, il était de ceux qui ont réussi à mettre fin à 40 ans de dictature lors de la révolution de 1979. Le Front sandiniste qu’il dirige jouit d’une réputation légendaire en Amérique latine, car il a été dans les premiers à tenir tête aux États-Unis qui s’imposaient alors partout dans la région.
Ortega est élu à la tête du Nicaragua une première fois en 1985. Il revient au pouvoir en 2007, et remporte à nouveau les élections en 2011. La controverse entoure cette victoire et les partis d’opposition clament qu’il y a eu fraude électorale. En 2014, il fait changer la constitution du pays pour avoir le droit de se représenter à l’infini, ce qui lui permet de rester au pouvoir suite aux élections de 2016. La grogne populaire commence à se faire sentir.
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2. Rosario Murillo : une première dame qui prend de la place
La première dame du Nicaragua agit à titre de porte-parole officielle du gouvernement depuis 2007. En 2016, Rosario Murillo est promue vice-présidente et commence à prendre de plus en plus de place sur la scène politique. C’est à elle que l’on doit les controversés « arbres de la vie » qui ont transformé Managua en véritable forêt métallique et coûté une fortune.
En 1998, sa fille Zoilamérica Narváez – née d’un autre père – accuse Daniel Ortega de l’avoir violée à plusieurs reprises dans sa jeunesse. Contre toute attente, Rosario Murillo lui tourne le dos et prend la défense de son mari. Des rumeurs se mettent alors à circuler qu’elle aurait conclu un pacte avec Daniel Ortega pour qu’il lui concède une partie du pouvoir politique en échange de son silence.
Avec Daniel Ortega, ils forment le « couple présidentiel » à qui l’on reproche une façon de gouverner qui ressemble de plus en plus à une dictature. Ils ont tendance à faire taire tous ceux qui les critiquent et contrôlent environ 70% des médias du pays.
3. Une étincelle qui met le feu aux poudres
Le 18 avril 2018, le gouvernement annonce une réforme qui prévoit la diminution de 5% des régimes de retraites afin d’éponger le déficit de la sécurité sociale. La nouvelle est extrêmement mal reçue par une grande partie de la population, la plus pauvre de l’Amérique centrale. Des manifestations étudiantes spontanées s’organisent à Managua, la capitale.

Ortega envoie la police et l’armée pour mettre fin aux manifestations. La situation dégénère rapidement, et les confrontations mènent à la mort d’une trentaine d’étudiants. Cela pousse le gouvernement à annuler sa réforme 4 jours plus tard, mais le mal déjà est fait. Les étudiants bénéficient désormais du soutien d’une grande partie de la population pour qui le gouvernement a franchi un point de non-retour en ouvrant le feu sur des manifestants sans défense.
4. Des étudiants qui sont prêts à tout
À la façon de la France en mai 68, la révolte populaire qui se déroule présentement au Nicaragua est menée à la base par les étudiants, qui exigent le départ immédiat de Daniel Ortega et le retour à la démocratie. En attendant, le pays est complètement paralysé.
Les manifestants se défendent avec des pierres et des mortiers contre les forces militaires et paramilitaires lourdement armées qui n’hésitent pas à tirer pour tuer. À ce jour, on dénombre plus de 200 morts et 1500 blessés, pour la plupart des civils. Malgré tout, les représentants du mouvement étudiants sont déterminés à ne pas abandonner leur lutte tant qu’ils n’auront pas atteint leur objectif d’évincer Daniel Ortega. Pour l’instant, celui-ci ne bronche pas. C’est l’impasse.
5. Impact socio-économique de la crise
Même si les violences se sont concentrées principalement dans les villes – Managua, Masaya, León, Granada – la crise qui sévit depuis maintenant 2 mois engendre des répercussions économiques énormes partout au Nicaragua. Les nombreux blocages routiers rendent les déplacements hasardeux et entraînent des pénuries dans les épiceries, les pharmacies, les banques et les stations d’essence.
Dans le sud du pays, notamment San Juan del Sur et Popoyo, la situation est relativement calme. Cependant, l’absence de touristes a forcé à peu près tous les hôtels, restaurants et commerces à fermer temporairement. Des milliers de personnes ont perdu leur emploi, ce qui a des conséquences désastreuses pour leurs familles qui vivaient souvent déjà dans des conditions précaires. Tous attendent avec impatience le retour à la normale.