Hugo Lavictoire, pionnier du surf de rivière à Montréal

Président-fondateur de KSF depuis maintenant 21 ans, Hugo a défriché la voie au surf de rivière dans la métropole. Portrait de celui qui a su tirer le meilleur des embûches sur son chemin.

23 novembre 2016

Entrepreneuriat - Fins - Portrait

« J’avais toujours rêvé de faire du surf », se rappelle Hugo Lavictoire du temps où les vagues du Saint-Laurent n’étaient ridées que par des kayakistes. Aujourd’hui à la tête d’une école de kayak, surf et SUP qui compte six locations et une quarantaine d’employés, Hugo continue de rêver à des projets plus grands que nature pour le Saint-Laurent, pour lequel on lui attribue souvent le rôle de pionnier.

Crédit photo: Alexandra Côté-Durrer

Un parcours rempli de détours

Hugo a commencé ses activités grâce au kayak, comme l’indique le nom de son entreprise Kayak Sans Frontières. Un sport qui est devenu le centre de sa vie, après qu’il ait choisi de déserter sa technique policière pour écouter sa voix intérieure et devenir instructeur de kayak. « Le travail du prof de kayak est complètement à l’opposé de celui du policier. C’est un rassembleur et le monde l’aime. C’est ça que je voulais être », soutient-il. C’est grâce à sa nouvelle passion qu’il a fondé en 1995 KSF qui au départ, représentait une école itinérante basée à la Rivière de la Petite Nation en Outaouais, d’où il est originaire. « Et ça été la meilleure chose que j’ai fait dans ma vie: m’écouter ».

Pas dur alors d’imaginer le choc que ressent Hugo quand une blessure met fin à ses espoirs de participer aux championnats mondiaux de 1999 en Nouvelle-Zélande. Parce qu’en dehors de KSF, Hugo est aussi sur l’équipe canadienne de kayak freestyle. Une rupture qu’il vit donc tant sur le plan professionnel que personnel. C’est le manque d’entraînement qui serait la cause de la luxation de son épaule, croit-il. « On n’était pas des athlètes. On était des bums qui faisait le plus de kayak possible! ». Pour surmonter sa dépression, Hugo s’auto-prescrit un voyage sac à dos au Mexique, qui s’est avéré pas mal plus efficace qu’un passage dans le système de santé québécois. Il termine son aventure à La Punta, un spot de surf pour débutants, ce qui lui permet de s’initier à ce sport qu’il a toujours voulu essayer.

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De retour au Québec, Hugo se met à surfer à la vague à Guy et Habitat 67 avec Corran Addison et Jean-Louis St-Arnaud, ne tardant pas à intégrer le surf dans ses cours. Son premier moniteur de surf? Alexandre Vassilatos, aujourd’hui co-fondateur de Barefoot Surf Travel. C’est sur la base de la motivation à un très jeune âge qu’Hugo repère les futurs surfeurs, souvent au sein même de ses cours.

Quand le SUP détrône tout le reste

Si le surf donne un second souffle à KSF, le SUP c’est le troisième souffle qui permet de diversifier l’offre et d’attirer de nouveaux clients. Hugo voit pour la première fois le SUP au cours d’un voyage d’affaires en Californie en 2007, alors qu’il est représentant pour une agence de surf. «Parce qu’avec mon entreprise, j’ai longtemps eu besoin de faire deux jobs», dit celui qui a aussi longtemps travaillé dans des boutiques de plein-air.

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L’avènement du SUP dans le Saint-Laurent marque une fois de plus le rôle de pionnier qu’occupe KSF, puisqu’il s’agit de la première école à donner des cours de SUP au Canada. Le SUP marque aussi tournant familial qu’amorce l’entreprise, peu avant qu’Hugo ne devienne père de famille. L’accessibilité du sport combinée à ses multiples déclinaisons (touring, fitness, yoga, pêche etc.) explique probablement le fait que le SUP est l’activité la plus populaire chez KSF.

Leader de la protection du Saint-Laurent

Quand vient le temps de parler de la santé de notre fleuve, Hugo rappelle à quel point il est important d’en prendre soin. Suite à son passage à l’émission Génération Inc. en 2014, l’entrepreneur a compris que sa mission est de sensibiliser la population à la qualité de l’eau. Pour y arriver, l’équipe de Génération Inc. et Hugo ont mis sur pied l’événement annuel Tous Au Fleuve qui vise à rassembler les gens sur le Saint-Laurent afin de leur démontrer qu’il n’est pas aussi pollué que la croyance populaire le veut.

Hugo espère ainsi changer la perception et les habitudes des citoyens. « Ça prend un programme, un peu comme surfline qui, en fonction de la pluie, indique qualité de l’eau dans le fleuve », ajoute-t-il. Une idée qui devrait d’ailleurs voir le jour sous peu. Le Sommet Aqua Hacking Unis pour le Saint-Laurent a cette année récompensé le projet Info-Baignade Montréal, une application mobile qui permettra d’informer le public sur la qualité des eaux de façon beaucoup plus juste que le fait présentement la Ville de Montréal.

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Intégrer les enjeux environnementaux au coeur des activités d’une entreprise, ce n’est pas un luxe que toutes les PME peuvent s’offrir. Si Hugo a pour idole le fondateur de Patagonia Yvon Chouinard, qui l’inspire tant d’un point de vue entrepreneurial qu’écologique, il rappelle que les décisions “vertes” sont difficiles à prendre lorsqu’on tente de faire survivre son entreprise. Après une vingtaine d’années en service, Hugo peut enfin se permettre de dédier ressources et énergies à certains organismes. Il est impliqué auprès d’Héritage Laurentien et de ZIP Ville-Marie / Accès Fleuve, tout en n’hésitant pas à supporter certains projets étudiants.

Plus de vagues dans le fleuve

Hugo est non seulement impliqué dans les causes environnementales mais aussi dans un projet d’aménagement de vagues dans le Saint-Laurent. Et pas qu’une seule. « Quatre ou cinq nouvelles vagues. Tant qu’à avoir toute cette machinerie là, ce qui serait le plus intéressant ce serait d’en faire une coupe. »

C’est avec la volonté de redonner à la communauté qu’Hugo a cette année lancé officiellement le projet, en association avec la Fédération québécoise de canoë-kayak d’eau vive (FQCKEV). Ensembles, ils ont soumis un dossier auprès de la Société des Ponts Jacques Cartier et Champlain, qui détient un programme de mesures compensatoires. Un programme qui a pour but de redonner à la société afin de compenser pour les inconvénients reliés à la construction du nouveau pont, que ce soit sur l’environnement ou reliés au trafic, par exemple. Le dossier d’aménagement de nouvelles vagues dans le fleuve est donc présentement à l’étude. «C’est loin d’être gagné mais ça regarde bien pour que ça passe à l’étape suivante», mentionne Hugo, dont l’étape suivante représente l’étude approfondie du dossier.

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Montréal pourrait-elle alors déclasser Munich à titre de capitale de surf de rivière? « Mais Munich est déjà déclassé par Montréal! » intervient Hugo, soutenant qu’il est difficile de dire où se situe exactement la capitale du surf de rivière dans le monde.

Si le projet d’aménagement de vagues dans le Saint-Laurent voit le jour, Hugo assure que Montréal deviendra alors véritablement la destination numéro un pour le surf de rivière au monde. Fantasme ou réelle possibilité? «Le projet du pont Champlain me permet de rêver. Et le jour où j’arrête de rêver, j’arrête ma business.», résume-t-il. Une chose est sûr, ce sont non seulement les rêves d’Hugo qui lui ont toujours permis de tracer sa voie et de la défricher pour les autres. C’est surtout sa capacité à rassembler les gens autour de lui en vue de les réaliser, contre vents et marées.

À propos de FINS
Ce dossier représente le prolongement de FINS, un projet portant sur les visages derrière l’industrie du surf à Montréal. Mené par Alexandra Côté-Durrer, FINS marque la direction vers laquelle cette jeune photographe s’oriente, soit une carrière dans la photo professionnelle de surf.