Ouragans: le phénomène derrière les “swells” expliqué


Ils sont immenses, puissants, dévastateurs et il n’y a rien que l’homme puisse faire pour les arrêter.

Crédit photo couverture : NASA

Si en automne les ouragans font le malheur des uns, ils font souvent le bonheur des surfeurs. Les vagues qu’elles procurent sont d’une rare puissance et nous poussent à arpenter les côtes à la recherche de ses effets. Regard sur cette catastrophe naturelle génératrice d’adrénaline et de surf trips inoubliables.

Ouragan, Typhon, Cyclone: c’est quoi la différence?

On les confond souvent et pourtant, il est facile de les différencier. Cependant, les inventeurs des noms donnés aux phénomènes météorologiques se sont surement dit pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué? Trêve d’ironie. En fait, un ouragan, un typhon et un cyclone, c’est exactement la même chose. La seule différence tient du lieu où il se déchaîne.

ouisurf_carte_ouragans

Autre petite différence: Un peu comme le sens de l’eau quand on tire la chasse, le sens du tourbillonnement d’un ouragan dépend de l’hémisphère dans lequel il se trouve. C’est dû à ce qu’on appelle la force de Coriolis. Dans l’hémisphère sud, le mouvement s’observe dans le sens horaire alors que dans l’hémisphère nord, il s’observe dans le sens anti-horaire.

Image courtesy of Mike Trenchard, Earth Sciences & Image Analysis Laboratory , Johnson Space Center.
Ouragan Isabel (2003) Crédit Image: Mike Trenchard, Earth Sciences & Image Analysis Laboratory , Johnson Space Center.

Stades des ouragans

Avant d’en arriver au statut d’ouragan, le «monstre» passe par divers stades, notamment par une dépression puis une tempête tropicale. Lorsqu’il devient un ouragan, on détermine sa catégorie selon l’échelle de Saffir-Simpson en vue de prévenir les dommages. C’est surtout la force des vents mais aussi la pression barométrique et le niveau de la mer qui déterminent sa classification.


0 à 61km/h = dépression tropicale
62 à 118km/h = tempête tropicale
119km/h = ouragan de catégorie 1
154km/h = ouragan de catégorie 2. Tout dépend où se trouve l’oeil de l’ouragan, mais c’est habituellement à partir d’ici que les arbres commencent à se déraciner.
178km/h = ouragan de catégorie 3. On dit alors que l’ouragan est «majeur», la toiture commence à se détacher.
210 km/h = ouragan de catégorie 4. La structure des maisons et les murs extérieurs peuvent s’envoler.
249km/h = ouragan de catégorie 5. Carnage total, les vents peuvent raser des immeubles.

Un «cadeau» de l’Afrique  

Mère Nature nous les envoie entre juin et novembre mais c’est souvent entre la mi-août et la mi-octobre que les ouragans font rage. Pourquoi?

Même si les premières tempêtes de l’année en juin se créées généralement dans le golfe du Mexique et dans la mer des Caraïbes, elles n’ont souvent pas l’énergie nécessaire pour devenir un ouragan, et meurent assez rapidement. Plus l’été avance et devient chaud, plus la “zone de naissance” s’étend jusqu’à l’Afrique. C’est plus précisément au dessus des dunes et des chameaux dans le désert du Sahara que ça se passe! La rencontre entre cet air chaud et l’air frais s’élevant du golfe de la Guinée créer un genre de choc entre les deux, formant un courant-jet (jet stream) au dessus de l’Atlantique.

Bon. À partir d’ici, ça se corse un peu. À chaque trois jours environ, ces courant-jets forment ce qu’on appelle des «ondes atmosphériques». Ensuite, ça prend une combinaison parfaite de 4 conditions, qu’on retrouve surtout à partir du mois d’août, pour que celles-ci se développent en systèmes orageux: 

1 – Chaleur de l’eau. À partir de juin, le soleil réchauffe assez l’Atlantique pour que la température de l’eau atteigne 26,5°C. C’est le seuil minimal pour qu’un ouragan puisse se former. La température de l’eau, c’est aussi un peu comme le gaz qui permet à un feu de prendre: elle alimente donc ses déplacements.

2 – Humidité de l’atmosphère. L’humidité agit aussi comme un carburant à ouragan. Suite au réchauffement de l’eau, cela créer de l’évaporation. La vapeur monte en altitude, ce qui créer de la condensation lorsque l’air se refroidit, d’où se forment les nuages puis les orages. Comme quoi l’humidité peut avoir un effet plus dévastateur que de faire friser…

3 – Faible cisaillement. Pour qu’un ouragan puisse naître et poursuivre sa trajectoire, il faut que les vents subissent peu de changements de direction et de vitesse. Pendant l’été, le cisaillement s’affaiblit de plus en plus pour finalement être très bas en août, laissant donc la voie libre aux ouragans pour se former.

4 – Loin de l’équateur. C’est la force de Coriolis, liée à la rotation de la Terre, qui fait donne le mouvement de rotation. Puisqu’elle n’agit qu’au delà de 500 km de l’équateur, il faut donc que l’orage ait lieu au delà de cette distance, sans quoi aucune force ne le fera tourner.

Un ouragan doit aussi se trouver loin de la terre pour prendre des forces, sans quoi avec la friction de celle-ci, il ne survivra pas très longtemps. Ensuite, grâce à la force des alizés, des vents qui soufflent vers l’est, le système se déplace vers l’Amérique jusqu’à nos plages. Parfois pour les détruire et une fois passé, pour leur offrir le swell de l’année.

Des lignes dessinées par l'ouragan Bill - 2009 Crédits : Surfline - Joe McGovern
Des lignes dessinées par l’ouragan Bill – 2009
Crédits : Surfline – Joe McGovern

Les ouragans aux noms féminins plus meurtriers

Apparemment, les ouragans qui portent des noms de femmes sont trois fois plus meurtriers que ceux portant des noms d’hommes..! Simple hasard? Selon une étude ayant étudiée le phénomène entre 1950 et 2012 aux États-Unis, cela viendrait du fait que les gens se méfient moins d’un ouragan au nom doux comme Josephine, Rose ou Dolly qu’un nom masculin à la consonance plus dure. Ils prennent donc moins de précautions et se retrouvent plus à risque de subir ses dégâts. Comme quoi il ne faut jamais sous-estimer la gent féminine.

Ouragan Hermine - Long Beah NY- Photo: Ryan Moore
Ouragan Hermine – Long Beah NY- Photo: Ryan Moore

Depuis 1953, les noms des ouragans sont d’ailleurs pré-établis par le National Hurricane Center. Il existe six listes de noms allant de A à W qui s’enchaînent à chaque six ans, ainsi de suite. Ainsi, l’ouragan Matthiew qui a frappé durement les Caraïbes et les côtes de la Floride cette année reviendra peut-être en 2022! Si toutefois un ouragan cause trop de dégâts, comme Katrina en 2005 ou Sandy en 2012, son nom sera éradiqué de la liste afin de ne pas raviver de mauvais souvenirs.

Un ouragan risque-t-il de porter votre nom?