SUP adapté: du rêve à la réalité

4 passionnés de SUP se sont donné pour mission de rendre leur sport plus accessible à tous. Récit de leur parcours à bâtir une communauté québécoise plus inclusive.

Photo de couverture : Geneviève Hallé

Le rêve a débuté en septembre 2015, les pieds dans le sable chaud d’une plage au nord de San Diego. J’étais bénévole pour les premiers championnats mondiaux de surf adapté, qui venaient de prendre fin. J’avais vu toutes les belles initiatives qui se développaient aux quatre coins du monde en matière de surf adapté. J’avais encore le discours du président de l’Association Internationale de Surf qui résonnait dans ma tête. Il nous disait qu’une fois de retour dans nos pays respectifs, nous avions le devoir d’être des ambassadeurs et de pousser le développement encore plus loin.

Au retour, un collègue de travail me présenta Geneviève Hallé. Paraplégique suite à un accident de planche à neige en compétition aux US Open en 2001, Geneviève n’a jamais cessé d’être active depuis. Lorsque celle-ci m’a appris qu’elle pratiquait le SUP depuis quelques années déjà et qu’elle m’a expliqué comment elle avait adapté sa planche, j’ai trouvé son idée géniale. Il fallait faire bénéficier d’autres personnes de son expérience.

Ensuite, Marie-Philippe Lévesque et Mireille Descarreaux, une kinésiologue et une ergothérapeute, se sont jointes à nous. Deux personnes formidables que j’ai eu la chance de rencontrer dans le cadre de mon travail au centre de réadaptation de Québec. Celles-ci ont accepté, sans hésitation, d’embarquer dans cette aventure avec Geneviève et moi. Quatre amoureuses de l’eau et passionnées de SUP dont le rêve était de rendre ces deux éléments accessibles à tous.

Pendant les deux années suivantes, notre projet n’avançait pas. Malgré tous nos efforts, nous avions l’impression de pagayer à contrecourant, de faire du surplace. Des problématiques telles que les assurances, l’accessibilité des lieux et l’aide au financement ajoutaient beaucoup de résistance à chacun de nos coups de pagaie.

L’union fait la force 

Puis en 2018, les mêmes résistances sont toujours présentes, mais le vent tourne pour nous donner une petite poussée.  Adaptavie, un organisme à but non lucratif dont la mission est d’améliorer la santé et le bien-être des personnes avec des limitations fonctionnelles, accepte de chapeauter notre projet. Sophie-Christine de chez Waves SUP nous a gracieusement fait don de deux planches, deux sièges et deux pagaies. Bref, tout le matériel nécessaire pour initier deux autres personnes au SUP. Nicolas et Pascal de chez Taïga Board nous ont aussi donné deux planches mais nous ont surtout offert l’opportunité de travailler avec eux afin de créer la planche parfaitement adaptée à nos participants.

Nos chemins rencontrent ceux de Jenn, François et Tristan qui travaillent au développement du SUP adapté à Montréal avec O’sijja. Alors que nous pratiquons le SUP adapté en installant un siège sur la planche, nos collègues de Montréal utilisent une toute autre technique qui consiste à fixer le fauteuil roulant du participant directement sur la planche. Deux méthodes qui se complètent à merveille!

Premiers coups de pagaie

Si notre rêve a pris forme dans le sable, c’est dans la neige qu’il s’est concrétisé. En effet, c’est en mars 2018 que nous avons effectué nos premiers essais de SUP adapté…en piscine intérieure. Nous avons fait, cet hiver-là, trois initiations en piscine avec quatre nouveaux adeptes de SUP à qui nous avons promis une sortie extérieure dès que la température le permettrait.

C’est au début du mois de juillet que nous avons enfin pu faire notre première sortie extérieure. Ce fut une sortie magnifique sur la rivière St-Charles. Comme Mère-Nature nous fit cadeau d’un été exceptionnel avec des températures dignes de la Californie (quelle coïncidence!), nous avons eu la chance d’explorer cette rivière à plusieurs reprises, mais aussi de découvrir le Lac Beauport ainsi que le Lac Etchemin. Le rêve devenait enfin réalité!

Première sortie | Photo fournie par Geneviève Hallé

Les contraintes du SUP adapté 

Les premières sorties nous ont permis de faire d’importantes constatations. Il y a, en effet, quelques éléments auxquels nous n’avions pas pensé : d’abord le temps de préparation ; transporter le matériel, gonfler toutes les planches, aider aux transferts, dégonfler, rincer, essuyer et rouler les planches demandaient beaucoup plus de temps que prévu. Nous devions calculer deux heures de préparation/rangement pour une heure sur l’eau avec les participants.

La personne qui a dit un jour que plus on voyage, plus on apprend à voyager léger n’œuvrait certainement pas dans le domaine des sports adaptés! En effet, nous avons huit planches gonflables, des pompes, des pagaies, des gilets de sauvetage, des sièges adaptés, des accessoires pour permettre plus de confort sur la planche ainsi que des aides aux transferts. Somme toute, ces inconvénients nous apparaissent beaucoup moins contraignants lorsque nous songeons aux participants avec qui nous avons été sur l’eau et à tout le plaisir que nous avons eu ensemble. C’est ce qui importe vraiment!

Après trois initiations en piscine, cinq sorties extérieures, trois festivals (Montréal, Rivière-du-Loup, Québec), un nombre incalculable de coups de pompe pour gonfler nos planches et probablement autant de questionnements que de fous rires, nous sommes très heureuses de notre première saison.

Dans les prochaines années, nous souhaitons pagayer davantage afin de faire grandir notre rêve de plus en plus. L’objectif est d’effectuer plus de sorties à Québec et de visiter d’autres villes de notre belle province pour contribuer à rendre le paddle board le plus accessible possible. Nous espérons ainsi créer une belle et grande communauté de SUP adapté.

Tout le monde à bord! On ne laisse personne sur la rive!

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