À la une - Maui Sup - SUP
Mon histoire avec le prone a commencé par un après-midi de juillet 2018 au chalet de mon ami Mat Palardy. Au lieu de faire une sortie de canot, nous avons décidé de prendre les vieilles planches à voile de la famille et de les utiliser pour se déplacer sur l’eau. En fait, on s’est rendu compte qu’on s’adonnait tous les deux à ce loisir depuis qu’on était petit, comme beaucoup de Québécois d’ailleurs. Utiliser une planche à voile, sans la voile, en guise d’île flottante et déconner au milieu du lac… Sauf que cette fois-ci, c’était différent. Il y a eu un genre de déclic; on a réalisé qu’on se déplaçait vraiment rapidement d’un bout à l’autre du lac en pagayant avec nos bras. À plat ventre ou sur les genoux, on couvrait beaucoup de distance avec aisance et rapidité. Par-dessus tout, on aimait la simplicité du «set-up» et on avait le sourire fendu jusqu’aux oreilles. Juste une planche, pas de pagaie, et une connexion et une proximité physique incroyable avec la surface l’eau. C’est à ce moment précis que l’envie nous est venue de commencer à pratiquer ce sport sur une base plus régulière.
Nous nous sommes équipés. Mat a ramené sa planche en ville et je m’en suis procuré une. Nous les avons modifiées pour les rendre plus confortables en enlevant tout ce qui se trouvait à la surface de la planche et en installant des matelas de yoga avec de la colle contact (super hi-tech!). Nous avons rajouté des filets élastiques pour pouvoir transporter un petit sac étanche, et puis voilà, le monde était à nous. Durant l’été 2018, nous avons couvert plus de 100km avec nos prones de fortune. Sur différents plans d’eau, nous avons créé pas mal d’émoi, en passant par des plaisanciers qui pensaient que nous étions à la dérive au beau milieu de la voix maritime sur le fleuve, ou par la Garde côtière, qui ne savait pas trop comment dealer avec nous du fait qu’on s’adonnait à une activité qui leur était inconnue. Chose certaine, on est devenu pas mal accro. Le loisir est devenu un sport pour nous, un mélange d’entraînement et d’aventure à la fois.
Nous savions que le prone paddleboarding était populaire sur la côte ouest des États-Unis, en Australie, en Nouvelle-Zélande et à Hawaii. On avait beau chercher, on ne trouvait rien de documenté sur la pratique du prone ici ou sur la côte est du Canada. Que très peu de gens le pratiquaient. Il y avait bien sûr les clubs compétitifs de sauvetage océanique (lifesaving clubs) qui utilisaient des prones pour s’entrainer au sauvetage, mais les planches étaient très différentes et moins conçues pour couvrir de longues distances. C’est là que notre notre ami David Boisvert est intervenu. Ayant lui-même essayé le prone en Nouvelle-Zélande, Dave avait une certaine connaissance du sport. Hiver 2018, il entre en contact avec Kim Gauthier, la femme derrière Maui Sup, et lui parle de notre petit projet de planche à voile, de nos expéditions de l’été 2018 et du potentiel que le prone pourrait avoir à être développé ici au Québec et sur la côte est du Canada. Elle a tout de suite embarqué. En deux temps trois mouvements, Kim allait rencontrer les gens en charge de sa production. Peu de temps après, ils nous ont fabriqué des planches de prone en carbone et au printemps 2019, nous les recevions à Montréal. À n’y rien comprendre. Le rêve. On venait de passer du tracteur à la Porsche.
Bien sûr, il y a eu un gros temps d’adaptation. Nos anciennes planches à voile étaient lourdes, très larges et relativement courtes en comparaison au «vrai» prone, ce qui les rendaient stables, mais plutôt lentes. Lors de nos premières sorties sur nos fusées de carbone, on a vraiment eu l’impression de repartir à la case départ. Grosso modo, tout était à réapprendre. La stabilité de nos vieilles planches nous avait donné beaucoup de mauvais plis que nous sommes, encore à ce jour, en train de corriger. Pour mieux comprendre, voici quelques points techniques et particularités qui caractérisent le prone, le vrai.
Le prone: plus près de l’eau
La planche de prone est caractérisée par sa longueur (12’ à 16’) et sa largeur nettement plus étroite (18’’ à 20’’) qu’un paddleboard. Cette forme lui procure une allure rapide et hydrodynamique et une performance sur l’eau qui demande un effort physique, une fois l’équilibre trouvé. Construit davantage comme un bateau que comme une planche de SUP ou de surf, grâce à sa coque, il est capable de fendre les vagues et la houle tout en continuant à générer de la vitesse. De plus, par grand vent, le fait d’être très près de l’eau l’aide à garder sa vitesse. En haute mer, sa grande flottaison lui permet « d’attraper » la houle et de surfer celle-ci sur de longues distances. Sur un lac, le calme de l’eau procure une sensation différente, mais tout aussi stimulante, car le secret de l’équilibre sur la planche réside dans la synchronie des mouvements pour atteindre une bonne vitesse.
Tu peux te procurer un prone auprès de la compagnie québécoise Maui SUP, qui a récemment lancé une collection limitée de planches qu’elle a surnommé « Manolo », que certains ont eu la chance d’essayer au MTL SUP FEST!
La position à adopter
Le prone paddleboard se pratique donc en alternance de deux positions, soit à plat ventre ou sur les genoux. La position couchée est la plus facile à maîtriser pour commencer. En nageant, les trapèzes, le grand dorsal et les épaules sont très sollicités. Le cou est relevé pour garder le cap vers l’horizon. Ne te décourage donc pas si la position te semble inconfortable aux premiers essais. Tu pourras rapidement acquérir de l’aisance et alterner entre la position à genoux et sur le ventre pour te permettre de trouver ton confort.
Quant à la position sur les genoux, elle permet d’utiliser les muscles du fessier, du dos et des jambes (ischiojambier). Comme ces muscles sont plus gros et forts que les bras et s’unissent pour assurer la motricité, ceci permet non seulement de reposer le haut du corps, mais également d’atteindre une réelle puissance.
Comme l’embarcation est très étroite, le fait d’être sur les genoux la rend quelque peu chambranlante. Toutefois, une fois le core engagé (impliquant le grand droit de l’abdomen, oblique interne et externe), la planche se stabilise de par l’engagement des deux bras en simultané. Ceci génère une force et favorise ainsi une glisse sur l’eau plus dynamique.
La connexion avec l’eau
Contrairement aux autres sports tels que le SUP, le kayak ou la planche à voile, la simplicité de la position, la proximité au niveau de l’eau et le fait de se propulser seulement avec les bras font en sorte qu’on se sent rapidement connecté à l’eau. Aussi, avec l’expérience et les techniques, la rapidité sur l’eau et la possibilité de couvrir de longues distances ajoute au sentiment de liberté et de connexion avec la nature.
Un entraînement complet
Le prone est un excellent moyen de s’entraîner. Soit pour le surf, la nage, ou même d’autres sports reliés ou non au monde nautique. La pratique du prone en position à genoux et sur de longues distances sollicite énormément de muscles stabilisateurs, les muscles des bras, des épaules, du dos, du tronc, du bassin, et même des jambes. C’est un excellent moyen de développer de la flexibilité, de la mobilité, de l’endurance, de l’équilibre et de la force brute.
Un sport récréatif et de compétition
Le prone est utilisé de façon récréative, mais aussi compétitive comme dans les courses Molokai2, Oahu et la Catalina Classic qui proposent des parcours sur des distances de 30km à 60km en pleine mer. Ces courses sont d’une grande difficulté non seulement de par leur longue distance, mais surtout à cause de la nécessité de savoir naviguer les courants, vents et la houle.
Tips pour les nouveaux initiés
- Ne te décourage pas, l’équilibre sur la planche sera ton plus grand défi durant tes premières sorties. Mais comme toute initiation à un nouveau sport, le corps finira par s’adapter aux différentes positions. Une fois à l’aise, tu augmenteras ta vitesse de propulsion, ce qui te permettra de garder la planche et ton corps en parfait équilibre.
- Mise sur des petites distances en eaux calmes pour tes premières sorties, puisque ton corps aura d’abord besoin de s’adapter aux positions. Et le but est d’avoir du plaisir et d’explorer les techniques et les changements de position, pour pouvoir par la suite être à l’aise et confortable sur de plus grandes distances.
- Porte des vêtements assez serrés, mais confortables. Et opte pour des couleurs fluo! Comme tu paddles au raz l’eau, mieux vaut bien te faire voir !
- L’hydratation n’est pas à négliger! Pense à t’installer un rack à gourde sur le devant de la planche. Sa position doit être réfléchie en fonction de la motricité sur la planche.
- Besoin d’un gilet de sauvetage durant ta sortie en prone ? Et oui, tout comme le SUP, il faut rester prudent sur l’eau, et une veste de flottaison pourrait aussi t’éviter une amende.
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