Entrevue avec Bryson Robertson de Ocean Gybe!

Il y a quelques semaines, Ben m’a parlé d’un projet que quelques boys avait démarré : Ocean Gybe.

Il parlait d’écrire un article et peut-être même tenter l’entrevue.

J’écris donc un e-mail aux 3 gars afin de savoir s’ils seraient d’accord à répondre a quelques questions pour mon article. 2 jours après, Bryson, un des 3 membres de Ocean Gybe, me répond qu’il vit actuellement  à Montréal dans le ghetto Mcgill et qu’on pourrait se rencontrer!  Pris un peu de court, j’ai donc rencontré  Bryson pour quelques pintes aux Bénélux quelques jours seulement après avoir pris connaissance du projet Ocean Gybe.

Ocean Gybe se résume ainsi: 3 amis qui décident de partir faire un surf trip autour du monde sur un voilier, et en profite pour sensibiliser les gens sur la pollution du plastique dans l’océan…

Le voilier qui a traversé le globe devant un break désert en Indonésie

Un apperçu vidéo du projet Ocean Gybe

Voici donc mon entretien avec Bryson, un surfeur natif de l’Afrique du Sud, vivant à Vancouver et qui a fait le tour du monde en voilier.

20 :45 : Je me présente au Bénélux. Je trouvais la situation ‘’blind date’’ un peu awkward, alors j’avais mentionné à Bryson que j’aurais un manteau ligné vert et bleu flash et que j’avais beaucoup de cheveux. Reste que j’entres sans être trop sur qui chercher.

Bryson, assis au bar, me fait des signes de la main. Sa pinte est déjà à moitié vide.

Aussitôt les présentations faites, nous nous mettons à discuter de surf, de la scène au Québec, du surf à Vancouver.  Bryson parle avec un fort accent sud africain et est le genre de personne que même si on vient de le rencontrer, on dirait que c’est en réalité un ami de longue date.

Note : les réponses citées plus bas ne sont pas les mots exactes de Bryson.  Je n’ai finalement pas vraiment pris de note et raconte donc ma soirée de mémoire.

Vic : Qu’est-ce qui pousse 3 amis à partir faire un tour du monde sur un voilier?

Bryson : Ryan, Hugh et moi voulions faire un voyage après l’université avant de commencer à travailler. Nous ne voulions surtout pas commencer la routine du 9 à 5. Comme Hugh avait une bonne expérience de voile, nous avons décidé de nous acheter un voilier pour notre voyage. Nous n’avions pas vraiment d’itinéraire au début. Le but premier était vraiment d’aller surfer des spots vierges.

Bryson, Ryan et Hugh

Vic : Et à quel moment est apparu l’aspect sensibilisation à la pollution?

Bryson : On a commencé à réaliser pleinement le problème de la pollution dans l’océan en se rendant sur une plage déserte sur l’île de Vancouver. Sur la plage, il y avait une quantité considérable de déchet. Étant donné que des déchets sur une plage déserte nous paraissaient bizarres, nous avons étudié les déchets en question pour se rendre compte qu’ils venaient du Japon. Nous avons réalisé que le problème de pollution dans l’océan n’était pas un problème local, mais bien mondial. Par exemple, les déchets japonais trouvé à Vancouver sont le problème de qui, le Canada où le Japon? C’est à ce moment que nous avons décidé de mettre notre voyage au profit de l’environnement en étudiant les déchets trouvé sur notre route et en publiant des rapports. Nous avons aussi donné des conférences dans des écoles tout au long du voyage afin de sensibilisé les jeunes.

Vic : À quoi ressemblait ces ‘’études’’?

Bryson : Nous ancrions Khalula (nom du voilier, qui signifie liberté en Zulu) au large d’une plage déserte que nous allions visité. Sur la plage, nous mesurions des distances variées (100 mètres disons) et ramassions chaque déchets trouvé sur cette distance. Ensuite on faisait le décompte.

Une des étude du groupe de Ocean Gybe

Vic : C’est facile de se trouver un voilier de 40 pieds?

Bryson : Nous avons fouillé pendant plusieurs mois pour finalement en trouver un qui semblait faire l’affaire. Il se trouvait au Mexique, et nous avons donc du descendre là bas pour visiter le bateau. Il nécessitait pas mal de réparation, mais faisait l’affaire donc nous l’avons acheté. Nous avons passé un mois entier à faire des réparations et préparer le bateau pour le voyage.

Khulula, qui signifie liberté en Zulu

Vic : Est-ce que n’importe qui peut se dire : je pars faire un tour du monde en voilier?

Bryson : Avant de décoller, j’avais environ une semaine d’expérience sur un voilier! Mais Hugh avait déjà fait quelques courses de longues distances et avait donc pas mal d’expérience. De plus, chaque membre apportait quelque chose de crucial à l’équipe. Par exemple, j’ai étudié le génie électrique, et c’est donc moi qui étais en charge de tout le matériel électrique sur le bateau. En même temps, chacun devait s’assurer de pouvoir être autonome puisqu’on devait garder en tête que quelque chose de grave peut arriver à un membre de l’équipage à tout moment. Faire le tour du monde demeure un défi de taille et ne doit pas être pris à la légère.  Donc non, je ne dirais pas que n’importe qui peut se lancer dans un tour du monde sans un minimum de préparation.

Vic : Quel a été votre plus long ‘’stretch’’ sur la mer?

Bryson : Notre première sortir en mer à partir du Mexique (La Paz) fut la plus longue et a duré 27 jours.

Vic : Et comment vous fonctionniez pour la nourriture et l’eau?

Bryson : On avait des rations de nourritures (beaucoup de bouffe en cannes), et 3L d’eau chacun par jour (2L pour la consommation et 1L pour la nourriture). On a aussi beaucoup pêché. On pouvait pêché des poissons de plus de 2 mètres qui nous fournissait pour quelques jours de nourritures. Quand c’était le cas, on mangeait alors du poisson matin midi soir.

Vic : À quoi ressemblait une journée typique?

Bryson : Il doit toujours y avoir quelqu’un aux commandes du bateau, alors on faisait des shifts de 3 heures. Le matin, tout le monde déjeunait ensemble. Même chose pour le lunch, il y avait une pause thé vers 16 heures et on soupait vers les 19 heures.

Côté surf, les boys semblent avoir été gâtés!

Vic : Et côté tempêtes et trucs du genre.. pas trop de problème?

Bryson : En faites nous nous dirigions en fonction des différentes tempêtes afin de les éviter le plus possible. Nous avions tout notre temps, alors au lieu d’y aller pour la route la plus rapide, nous y allions pour la route avec le moins de mauvais temps. C’est sur qu’on a pas pu toutes les évitées et lorsque les gros vents arrivent, ça peut être assez intimidant!

Vic : Lorsque vous arriviez à une côte, ça fonctionne comment?

Bryson: Nous devons communiquer aux authorités notre arrivée via radio. Ensuite il y a un processus de douanes qui peut être très long. À certains endroits nous devions accoster à un endroit retiré parce qu’on était en quarantaine. Les authorités se rendent alors au bateau et fouille. Il y a toujours un d’entre nous qui est délégué capitaine sur nos documents, c’est lui qui devait s’occuper des trucs de douane.

Vic : Vous avez une map sur votre site internet avec des points tout au long de votre trajet et pour chaque point, une description de votre location, la force du vent, et des notes personnelles. Comment faisiez-vous pour mettre le tout en ligne?

Bryson : L’internet était rarement disponible et très lent lorsque c’était le cas. Donc lorsqu’on atteignait la côte, on envoyait nos coordonnées avec les notes à un ami qui mettait le tout sur notre site internet. National Geographic nous avaient aussi approché pour documenter notre voyage, mais nous avons refusé.

La map intéractive que l’on retrouve sur le site de Ocean Gybe. Chaque point sur la map correspond à un commentaire/photo/vidéo


Vic : Pourquoi? National Geographic, c’est quand même big..!

Bryson : Le but même du voyage était d’être libre d’aller où on voulait, quand on le voulait. Alors l’idée d’avoir une équipe complète de tournage qui nous dit quoi faire, comment agir, ça nous intéressait pas du tout.

Vic : Et finalement, comment le projet a-t-il évolué depuis votre retour (le voyage a duré 3 ans). La sensibilisation continue-t-elle?

Bryson : Le voyage nous a permis d’acquérir une bonne visibilité, alors j’en profite pour continuer la sensibilisation en prenant part à différents colloques et conventions (Bryson me disait qu’il était à Hawaii 2 semaines plus tôt pour une conférence sur la pollution dans les océans).

J’ai échangé quelques courriels avec Bryson récemment et il me disait que Hugh et lui sont présentement en tournée en Colombie-Britannique afin de donner des conférences  sur leur voyage, suivre ses rêves et évidemment la pollution du plastique dans les océans.

Le projet était soutenu par Sitka surfboards, Surfrider Foundation, Sailors for the sea, Globe shoes, Livity Outernational, Surfer’s paht et Insight’s discovery.

Je vous encourage fortement à visiter leur site, www.oceangybe.com, pour en apprendre plus sur leur trip et voir leur photos et vidéos!