Le duo rafraîchissant au coeur d’Ananus Surfboards

Vous les avez sûrement déjà vu glisser avec agilité sur le fleuve St-Laurent. Will et Chloé fabriquent leurs propres longboards, dont le nom arrive à soutirer un sourire même aux plus réservés.

17 novembre 2016

Entrepreneuriat - Fins - Portrait

En discutant avec les fondateurs d’Ananus Surfboards, on se rend vite compte qu’ils parlent le langage de la simplicité et qu’un aura plutôt chill émane de ce duo, nous contaminant au passage. William Pichet et Chloé Mocombe sont d’un naturel déconcertant qu’ils ont d’ailleurs su infuser à Ananus Surfboards, leur nouveau bébé né en avril dernier, apportant un vent de changement rafraîchissant à la scène du surf montréalaise. Moins d’un an et une trentaine de boards plus tard, ils se sont non seulement déjà fait un nom dans la métropole mais ils ont même fait parler d’eux dans Surfer Mag et The Inertia, sans pour autant perdre leur côté un peu loufoque, qui disons-le, font leur charme.

Crédit photo: Alexandra Côté-Durrer

Cet aspect loufoque se retrouve à même le nom de l’entreprise, qui démontre l’autodérision du couple de surfeurs. « Je cherchais un nom ridicule qui ne fait pas sérieux », explique Will. Il l’a trouvé dans la combinaison de anus et ananas, qui fait aussi référence à l’erreur commune des Québécois qui traduisent mal le mot ananas en anglais. « Nos boards, c’est pas des fusées », rappelle-t-il.

C’est sa rencontre avec Chloé au Surf Swap 2015 qui permettra à Ananus Surfboards de voir le jour. Un lien s’est vite créé entre celle qui revenait d’un voyage initiatique de surf au Costa Rica et celui qui pratique ce sport depuis l’âge de 8 ans, pour aujourd’hui former non seulement des partenaires d’affaires mais aussi un couple.

Longboard et fausses croyances

Avec des études en arts, des bases en sculpture et une spécialisation en peinture, Will était bien équipé pour se lancer dans le shaping il y a cinq ans. Il a tout de même fallu une vingtaine de planches de surf avant qu’il ne réussisse sa première, créée à partir du garage familial sur la Rive-Sud de Montréal. S’il ne shapait pas de longboard au départ, Will s’est vite rendu compte que c’est qui fonctionne bien tant à Habitat 67 que sur la côte Est.

Du garage familial sur la Rive-Sud de Montréal – Instagram @Ananussurfboards

L’offre d’Ananus Surfboards se compose donc principalement de longboards single fin, avec une touche old school assumée. Les planches sont heavy glass, c’est-à-dire qu’elles ont de nombreuses couches de fibre de verre. « Elles sont composées de 6 oz de fibre de verre en dessous de la planche et 2 fois 6 oz au dessus, contrairement à la norme qui est de 4 oz en dessous et 2 fois 4 oz au dessus », explique William. « Bien que ça les rend lourdes à porter, ça les rend plus solides tout en donnant plus de momentum donc plus de rapidité, ce qui sont de belles propriétés pour un longboard », continue-t-il. Cela permet aussi aux planches de durer plus longtemps, puisqu’elles sont moins susceptibles d’être abîmées.

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L’équipe doit toutefois faire faces aux représentations communes des Québécois qui associent le longboard aux débutants.

Chloé ajoute qu’au delà de la performance, le style et l’esthétisme issu d’une ride en longboard est indéniable. «C’est tellement beau!», marque-t-elle. Prendre son temps pour sentir la vague est important pour la jeune femme de 26 ans, alors que William rappelle que l’adrénaline peut quand même être au rendez-vous.

Liberté créative

Si vous flirtez avec l’idée de commander un longboard signé Ananus, sachez que le duo ne prend pas de commande, ce qui reflète d’ailleurs leur côté anticonformiste. La raison première: conserver la liberté de création. S’ils en ont pris pour quelques proches, c’était toujours avec une marge de manoeuvre, en décidant eux-même du design à partir de ce que la personne leur inspirait. Leurs créations, qu’ils appellent leurs Ananus, sont tout de même en vente leur site web.

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D’ailleurs, Will et Chloé n’ont pas de plan en tête lorsque l’étape de la coloration arrive. C’est sous l’inspiration du moment qu’ils décident, dont le résultat fait souvent place aux harmonies de couleurs pastels et aux formes abstraites. Contrairement à Will qui est impliqué dans toutes les étapes de fabrication de la planche, le glassing est la seule étape à laquelle Chloé participe, puisqu’elle est en processus d’apprentissage.

En dehors du glassing, Chloé gère les commandes, la boutique en ligne et les réseaux sociaux. Un univers dans lequel elle baigne avec ses études de communication média numérique en cours à l’UQAM. Quant à Will, il partage son temps entre son shaping room et les classes de l’école secondaire pour y enseigner l’art.

Golden state of mind

L’art est un mot qui revient souvent aux lèvres de Will et Chloé. On sent qu’ils ont réellement à coeur cet aspect. Leurs inspirations tirent leurs racines du style old school des années 60 de la côte ouest américaine. Presque tous les shapers qu’admire le duo proviennent en effet de la Californie: le style d’Alex Knost, le concept d’hydrodynamisme de Tom Wegener, les boards de Chris Christenson et de George Greenough. Certaines des planches Ananus disponibles l’été prochain seront d’ailleurs fortement inspirées du edgeboard de ce dernier.

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D’ici là, Will et Chloé s’envoleront cet hiver pour la Golden State, cette terre promise où la culture du surf est omniprésente. Avant l’arrivée de Chloé, Will compte s’établir pour quelques mois dans le coin de San Diego et de Orange County, où il en profitera pour rencontrer des gens et shaper, évidemment.

On souhaite au couple de surfeurs un voyage fructueux en Californie… mais pas trop longtemps. On ne voudrait pas que leur belle énergie et le vent de changement qu’ils apportent à l’industrie du surf à Montréal ne tombe à plat. Souhaitons leur donc de revenir vite avec des planches remplies d’amour et d’humour signées Ananus Surfboards.