«Inaippu»: L’ode de Loïc Wirth à la reconnection

Générateur de frissons à coup sûr, le film de surf Inaippu est nettement différent de ceux que l’on voit passer sur nos fils d’actualités. Alors que les air, les cut back et toutes autres manoeuvres occupent habituellement l’avant-plan, Inaippu porte notre attention sur des éléments plus simples qui passent souvent inaperçus et ce malgré la présence de grandes pointures telles que Pete Devries et Gabriel Medina. C’est l’idée de reconnection entre l’homme et la nature qu’explore son réalisateur Loïc Wirth dans cet ode, alors que le surf sert de pont entre ces deux éléments. Avec ce deuxième film, dont le nom signifie d’ailleurs «reconnection» en tamil (இணைப்பு), le Brésilien transmet cette vision d’unicité en toute liberté, sans paramètres imposés. Entretien avec celui qui a osé la différence en rendant hommage à l’essence de la vie et à celle de son ami Ricardo Dos Santos.  

Crédit photo: Loïc Wirth

« The very creation of the words ‘’nature’’ and ‘’humans’’ are trials to give us the feeling that those are two separated things. But they’re the same. We are nature, vice versa. This realization can make a big difference in our lives and the way we coexist. » – Loïc Wirth 

Inaippu est très poétique voir lyrique surtout côté musique ce qui n’est pas quelque chose que l’on voit souvent dans les films de surf! Pourquoi ce choix artistique?

Je ne pense pas l’avoir choisi. Je crois qu’on voit tous le monde de façons différentes, à notre manière, et dans Inaippu, c’est ma façon de le voir. Si tu aimes une certaine couleur ou une façon de peindre, c’est ce que tu vas choisir pour créer ta peinture. Ce sont ces couleurs et cette vision que j’ai tenté de traduire par ce film.

Puisque tu es originaire du Brésil, est-ce là que tu as tourné ton film ou as-tu voyagé?

J’ai en effet voyagé. Depuis le début que je pense à ce film et de comment je le ferai, j’ai noté des lieux où je voulais aller. Puis, comme tout dans la vie, les choses ne se sont pas passées comme prévu au niveau du script mais elles l’ont été en termes de fondements et d’intentions. Je n’aurais pas pu rêver mieux que ce que ça a donné… c’est là que la magie opère, n’est-ce pas?

Crédit photo: Luana Wirth

« In a world of fast food media, there’s something that makes me want to detach Inaippu from how long it took and where it was filmed…cause in the end, does it really matter? I hope this comes across in a kind way. » – Loïc Wirth 

Inaippu rassemble plusieurs grandes pointures du surf tel que Gabriel Medina et tu as aussi déjà travaillé avec le légendaire Taylor Steele. Comment t’es tu taillé une place dans l’industrie du surf qui semble parfois hors de porté?

C’est drôle à quel point il n’y a pratiquement aucune réponse à cela… il n’y en a qu’une qui peut sembler cliché mais elle est sincère. C’est de le faire par amour. Pour moi le seul but était de créer une vision tangible de ce que je ressens. Le succès n’est jamais le but, évidemment c’est magique mais c’est seulement une conséquence du reste. On ne devrait pas lire un livre dans le but de le finir avec l’espoir qu’il se termine comme on le veut, n’est-ce pas? On se dirige là où on marche je crois. Je me sens vraiment choyé d’avoir pu vivre ces expériences je le souhaite à tous.

Inaippu se retrouvera-t-il dans les festivals de film de surf comme ça avait été le cas avec Intentio, qui avait d’ailleurs récolté 5 prix?

Oui j’en serais honoré. J’espère qu’Inaippu apparaîtra à ceux où Intentio avait été diffusé. C’était au San Sebatian Surf Film Festibal, au San Diego SFF, à Anglet, London, Mimpi, Ombak, Surf At Lisbon.

Tu as fait quelques vidéos pour Corona, Red Bull, Quiksilver, Billabong et Volcom notamment. Crois-tu qu’il est contradictoire de travailler dans l’industrie de la publicité tout en créant tes films indépendamment, ou vois-tu cela de façon complémentaire?

Aussi longtemps que je filme avec une caméra faite de pétrole et que je voyage en avion tout en montant mes films sur un ordinateur fabriqué pour ne pas durer, je serai en contradiction avec mes croyances. Je tente de trouver un équilibre et j’espère que cette énergie positive que j’apporte au monde est plus grande que le reste.

Mon premier film Intentio n’avait pas de logo car ça allait à l’encontre du message. Travailler avec ces compagnies m’a permis d’acquérir de l’expérience et de rencontrer des gens extraordinaires outre les messages des marques et leur impact sur la société. Ça m’a permis de m’investir dans mes projets personnels, ce pourquoi je serai éternellement reconnaissant. Je crois maintenant que les compagnies essaient de trouver cet équilibre entre le bien et le mal et d’apporter quelque chose au monde ce qui me fait complètement changer d’avis. On devrait s’unir, il y a encore beaucoup d’espoir et des gens pour porter vie à cet espoir.

Malgré que le surf puisse agir en tant qu’élément de reconnection, il semblerait avoir sur certains un effet opposé. Surtout quand on pense au localisme et à la violence qui en résulte dans certains line-ups…

Oui. Dans l’eau ou en dehors, on est encore des êtres qui avons plusieurs “déconstructions” à faire. Le surf peut démontrer la vraie personnalité d’une personne. Ça peut faire ressortir le meilleur mais aussi le pire. L’égo, l’avidité, l’égoïsme… on peut voir ces choses dans tous les line-ups autour du monde. Le changement doit provenir de chacun. L’environnement qui l’entoure peut l’influencer mais au final, ça doit venir du coeur. Une fois que c’est fait, le surf est là pour tellement plus que de se faire plaisir ou se prouver; il est là pour partager et aimer.