Bikini OuiSurf - Nouvelles
S’il y a bien un aspect que tout surfeur déteste, c’est le crowd dans l’eau. On s’entend tous pour dire que ça peut devenir assez frustrant d’être entouré de vagues sans même pouvoir en prendre une bonne parce qu’il y en a toujours un de plus rapide que nous… ou de plus LOCAL !
En tant que Québécois, nous ne sommes pas nécessairement familier avec ce concept de localism puisque nous n’avons malheureusement aucune vague sur laquelle exercer notre pouvoir de local. Au début, je n’étais pas sûre de comprendre ce phénomène d’accès VIP aux vagues pour certains et je restais d’autant plus étonnée quand je voyais un local »mettre dehors » un autre surfeur. Quelqu’un – un local– m’a alors expliqué: on n’entre pas dans la maison d’un étranger sans cogner, sans demander la permission et sans saluer; c’est le même principe dans l’eau, on ne va pas directement au peak sans s’être préalablement fait respecter des locaux ! -belle comparaison, merci-
L’attitude des locaux est l’un des premiers aspects sur lequel s’informe un surfeur lorsqu’il va à un nouveau spot. Il y a même certains endroits »protégés » par des gangs de surfeurs locaux qui n’hésitent pas à user de l’intimidation et de l’agressivité pour assurer la préservation de LEURS vagues. Je pense par exemple aux Bra boys à Maroubra en Australie ou encore aux Da Hui (Black Shorts) et aux Wolfpak à Hawaii qui sont des brotherhoods de surfeurs de haut calibre reconnus pour semer la terreur dans l’eau. -Tu ne veux clairement pas être confronté à l’un d’entre eux !- La plupart des spots de surf ne sont toutefois pas régis par la violence et normalement, si tu respectes le code éthique du surf, les locaux seront bien chills avec toi ! Ce n’est pas garanti que tu pourras prendre une de leurs vagues, mais au moins l’ambiance dans l’eau ne sera pas terrorisante.
Pour ma part, j’ai appris à surfer à Montañita en Équateur et disons que la fameuse Punta peut parfois devenir très crowdée. Dans les premiers temps, je n’avais juste AUCUNE envie d’aller au peak parce que j’étais beaucoup trop intimidée et orgueilleuse pour aller »m’humilier » et risquer de faire rater la vague de quelqu’un avec le non-contrôle de ma planche.
Avec le temps, j’ai acquis de l’expérience et de la confiance et je me suis peu à peu liée d’amitié avec les locaux… et même amourachée de l’un d’entre eux ! -sortez les violons- Les locaux n’étaient alors plus des étrangers pour moi et m’aidaient désormais à prendre des vagues. Je sentais qu’ils m’acceptaient même si je devais parfois être dans leurs jambes… Ils m’encourageaient et me »laissaient » quelquefois leur vague. J’avais aussi toujours (ou presque)l’option de dropper dans la vague de mon copain en cas d’incapacité à avoir la priorité sur une vague… –Il faut bien retirer des bénéfices d’avoir un chum local 😉–
Le processus d’intégration s’est fait un peu plus lentement avec les filles locales qui me faisaient un peu trop d’attitude au début, mais j’imagine qu’elles ne cherchaient qu’à »délimiter leur territoire »… Je me sentais telleeeeement intimidées par elles ! Aujourd’hui, je suis toujours éblouie par leur talent, mais il n’existe plus de rivalité entre nous et nous sommes devenues de grandes amies.
Cette année, c’était ma quatrième année consécutive à m’exercer sur les vagues de Montañita et je peux dire que je me sens maintenant à l’aise d’aller directement au peak. Je me retrouve avec mes amis et bien que je considérerai toujours qu’ils ont priorité sur moi, nous fonctionnons la plupart du temps en prenant des vagues à tour de rôle de sorte qu’on puisse tous surfer de manière équitable.
Je suis toujours heureuse de voyager et de découvrir de nouveaux spots, mais j’avoue que lorsque je suis ailleurs et que le crowd devient insupportable, je m’ennuie énormément de mon p’tit Montañita et de mes amis locaux 😉 !
Marie-Christine Amyot