Nouvelles - Surfeurs
Oh que oui les amis! L’équipe de Ouisurf a réussi à rejoindre nul autre que Monsieur le Champion du Monde 2013, Mick Fanning, pour une petite entrevue bien en règle, juste pour vous, chers lecteurs!
En espérant que vous aurez autant de plaisir à lire les mots du triple champion du monde que nous en avons eu à réaliser cette entrevue:
*ENTREVUE MICK FANNING PAR OUISURF*
Un GROS merci à Julien Heon Photography pour les photos utilisées dans cet article.
Salut Mick,
Tout d’abord, félicitations pour le titre de champion du monde, c’est un très grand accomplissement, et d’autant plus que c’est ton troisième! Est-ce que l’adrénaline a commencé à redescendre ou si tu es toujours sur un nuage?
Merci beaucoup! Le buzz y est encore mais ça commence à s’estomper un petit peu. Je me sens très accompli et c’est vraiment un bon sentiment. Je suis très satisfait de moi-même.
On sait tous que tu es un maître de l’entraînement physique. Tu est vraiment en grande forme et très impliqué dans l’entraînement physique… est-ce que tu penses que c’est nécessaire pour n’importe quel pro surfer aujourd’hui, comme tout autre athlète professionnel? Est-ce que tu penses qu’un bon programme d’entraînement peut changer drastiquement les sessions du surfeur moyen?
L’entraînement, je crois que ce n’est pas pour tout le monde et je ne sais pas ce qui fonctionne pour les autres. Personnellement, j’aime être en forme, j’aime être capable d’éliminer mes doutes en faisant confiance à mon corps et à mon esprit, et savoir qu’ils sont prêts à relever le défi. Si je perd une manche lors d’une compétition, je n’aime pas me demander si j’aurais pu faire mieux pour obtenir le résultat que je voulais. C’est pour cette raison que je m’entraîne. Chaque personne a ses propres motivations.
Dans la 5e round contre CJ Hobgood, durant le Billabong Pipe Masters, tu as choisi 7 vagues et tu es tombé sur 5 d’entre elles. Tu es tout de même retourné dans le line up à chaque fois et tu as terminé en force. Tu fonces pour toutes ces vagues , tout en sachant à quel point une chute à Pipeline peut rendre les choses difficiles par la suite, surtout quand on a encore toute une manche à compléter. Les vagues n’étaient pas seulement grosses, elles étaient énormes! Est-ce que c’est ta confiance en tes capacités physiques qui fait que tu peux te permettre de passer au travers d’un heat comme celui-ci, même quand tu sais qu’il va sûrement y avoir un quart de finales décisif tout de suite après? Est-ce que c’est à ce moment là que ça paie, l’entraînement physique?
Je me suis entraîné beaucoup dans la foulée des championnats du monde. C’est probablement le plus en forme que j’ai été toute l’année. Pas de doute, ça m’a vraiment aidé. Quand je me faisais maltraiter par la vague, je n’ai jamais manqué d’air et je n’ai jamais atteint la surface en cherchant mon souffle. Je savais que j’avais l’énergie de continuer, et j’en ai certainement eu besoin lors de ces deux manches… parce que je me suis vraiment fait ramasser!
Dans tes deux dernières manches contre CJ Hobgood et Yadin Nicol, le même genre de situation est arrivé: tu as réussi à attraper une bombe en toute fin de manche, ce qui a gardé l’attention générale jusqu’à la toute fin. Est-ce que tu fonctionnes mieux quand tu as de la pression? Est-ce que c’est la préparation qui fait la différence? Le timing, la chance, un peu de tout?
J’aime performer sous pression, mais ce que j’ai vécu lors de ces deux heats était complètement dément. Maintenant quand j’y pense, je suis content que les choses se soient passées comme ça, mais sur le coup, c’était super stressant. J’imagine que j’ai été chanceux d’avoir l’opportunité d’aller chercher les points que j’ai eu, mais tout de même faut-il bien surfer les vagues pour obtenir le pointage nécessaire…
Tu évolues dans un sport qui a été la représentation d’une culture jeune depuis toujours. Mais si on regarde à qui était sérieusement dans la course pour le titre mondial cette année et on avait Kelly Slater, qui a 41 ans, et toi, qui en a 32. Est-ce que le surf te garde jeune? Pourquoi penses-tu que le surf semble être le seul sport où les pros ne sont pas considérés vieux et prêts à prendre leur retraite à 25 ans?
Eh bien, on prend des coups en surf, mais ce n’est pas comme dans la NFL ou dans la ligue de rugby, où les gars passent 20 quelques années à se faire écraser dans des corps à corps qui sont pratiquement comme des accidents de voiture. Tu peux avoir des wipe outs terribles et blessures majeures en surf, mais ce n’est pas aussi demandant pour le corps que les sports de contacts. Donc ouais, on peut pratiquer le sport un peu plus longtemps. L’autre aspect est l’expérience… l’expérience de naviguer différentes situations dans les heats, gérer la pression, bien lire les différentes vagues: tout ça c’est de l’information précieuse qui peut définitivement servir à notre avantage lorsqu’on surf contre un plus jeune.
Tu es le 3e surfer après Andy Irons et Tom Curren à avoir atteint le triple titre, et tu as réussi cela malgré une blessure majeure, entre autres, parmi toutes les difficultés auxquelles tu as fait face dans les dernières années. Qu’est-ce que le titre de champion du monde représente pour toi aujourd’hui?
Je ne me considère pas dans la même catégorie qu’eux. Andy et Curren sont deux de mes surfers favoris de tous les temps, mes héros. Je suis très honoré d’avoir égalé leurs titres mondiaux.
Tout le monde a entendu parlé ou vu ta dernière vague contre Yadin Nichols. Le score a suscité beaucoup d’attention, les gens s’obstinaient à savoir si c’était mérité ou non, etc. Après avoir travaillé si fort pour te rendre où tu en es maintenant, comment gères-tu les questionnements à savoir si tu mérites le score ou non? Es-tu capable d’ignorer tout ça? Quelle est ton approche?
Eh bien c’est certain que je pense que c’était le bon score. Ça a été un moment décisif pour moi et je pense que j’ai surfé la vague de mon mieux et les juges ont évidemment pensé la même chose aussi. C’était une lutte serrée, ça c’est certain, et ce genre de heat suscite toujours les débats, surtout avec la carrière de Yadin dans les championnats mondiaux et les chances que Kelly gagne le titre mondial en jeu. Il y a des fans de Yadin et de Kelly qui espéraient et pensaient que ce ne serait pas le score final, et de l’autre côté il y a des gens qui me supportent et qui ne l’ont jamais questionné. Mon travail n’est pas d’écrire les scores… mon travail est de surfer la vague de mon mieux, et je crois que je l’ai pas mal bien fait!
Qu’est-ce que tu penses de l’idée de Rob Machado de faire un « Best of 3 » entre toi et Slater cette année? Voici un extrait de ce qu’il a dit sur The Inertia: » On peut s’entendre que c’est entre Mick et Kelly cette année, non? Il n’y a personne d’autre qui soit sérieusement dans la course, et donc j’approcherais la chose comme REEF fait avec le Clash of Legends. Je dirais à Mick et Kelly: « OK, vous allez faire un tête à tête. Vous allez faire trois manches au cours de l’évènement et ce seront des « World Title Heats », ce sera un deux de trois. On ne sait pas quand exactement. On attendra pour les conditions optimales. Et on vous fera surfer trois fois. » Quand les conditions sont bonnes, ils y vont. »
J’adore entendre ce genre d’idées concernant les formats. Être impliqué dans un truc du genre serait incroyable.
Tu as déjà dit en entrevue que tu aimerais vraiment retravailler avec Taylor Steele. Pourquoi? Et c’est comment, de travailler avec lui?
Au cours des annés, Taylor et moi sommes devenus de bons amis et ça a été incroyable d’avoir eu la chance de faire des projets avec lui et son équipe. Ils absorbent vraiment la culture des endroits qu’ils visitent et ils restent super positifs peu importe la situation dans laquelle ils sont. C’était vraiment super!
Quand tu décides de partir à l’aventure avec lui, sans connaître la destination, on peut s’imaginer que c’est une manière complètement différente de voyager et de surfer pour toi, comparativement à l’ASP. Est-ce que ça t’as permis de retrouver l’esprit du free surfing à nouveau? Ou bien est-ce que ça t’a ramené aux bases, à surfer sans la pression de devoir performer? Est-ce que c’est quelque chose qui te manque quand tu es en compétition?
C’était définitivement une manière différente de voyager. Il y a certaines des destinations que nous avons visité auxquelles je ne serais jamais allé autrement puisqu’il n’y a pas de vagues. C’était relaxant de surfer lors de ce voyage, ça s’est avéré être la pause dont j’avais besoin, pour relâcher la pression et changer de perspective. La compétition, ce n’est pas tout.
Peux-tu nous parler de ce qui a été pour toi le meilleur moment de ce voyage?
C’est certain qu’il y a eu une tonne de moments incroyables pour moi mais je pense que, pour moi, ça a été d’aller voir les gorilles en Afrique. J’étais en complète admiration devant eux. Ils sont si gros et forts, et ils pourraient vous arracher un bras s’ils voulaient mais ils semblaient être autant intrigués par moi que je l’étais d’eux. C’était très cool.
Si tu avais 3 avis à donner à tous les surfers qui t’admirent et qui veulent devenir meilleurs, tu leur dirais quoi?
Un: surfez à tous les jours. Deux: Regardez ce que John John Florence fait. Trois: Impliquez vous dans la protection de l’environnement marin.
Un gros merci d’avoir pris le temps de répondre à nos questions et bonne chance pour 2014!
Cheers.
Preview du film Missing de Taylor Steel mentionné en entrevue:
Le film est disponible ici :
https://itunes.apple.com/movie/missing/id762108734