Grands Lacs canadiens
Les Grands Lacs canadiens sont devenus une destination surf de plus en populaire au cours de la dernière décennie. À chaque fois qu’un swell se présente, on voit de nouveaux visages surfer nos vagues imparfaites, qui sont souvent surpris par le niveau de difficulté qu’elles imposent. Même si on aimerait dire le contraire, surfer les Grands Lacs est beaucoup plus dur que ç’en a l’air. Il faut beaucoup de dévouement et de persévérance pour devenir un bon surfeur dans cette partie-ci du monde. Mais surtout, surfer les Grands Lacs permet de s’adapter à un environnement «challengeant» si bien que quand vient le temps de mettre le cap n’importe où ailleurs, on est mieux outillé pour y surfer. Voici pourquoi.
Crédit photo: Antonio Lennert
Prévisions 101
Étant originaire du Brésil et utilisant mon vélo pour faire mes surf checks quotidiens, je ne me suis jamais soucié de la science derrière la formation des vagues. Encore moins quand j’ai déménagé en Californie, où je comptais exclusivement sur des sites de prévisions et les caméras projetant en live les conditions des beachbreaks.
Une fois établi près des Grands Lacs, j’ai vite compris que je ne pouvais plus me fier ni à mon vélo ni aux surf reports. Bien que les conditions de certains spots soient indiquées par Surfline et Magic Seaweed, chaque fois que je me pointais à quelque part, c’était complètement flat. Je devais absolument apprendre les rouages de la formation des vagues afin d’éviter de me faire “skunker” une fois de plus. Les connaissances basées sur les vents, la température de l’eau et de l’air, la profondeur des eaux et la pression atmosphérique sont ensuite facilement transférables pour comprendre n’importe quel autre spot. En faisant tes classes dans les Grands Lacs, où la prédiction des vagues est plus complexe qu’en mer, tu seras donc en mesure de comprendre le swell optimal et la direction du vent des breaks chaque fois que tu voyageras. Seule la marée constitue un élément qui n’est pas à prendre en considération dans les Grands Lacs.
Courtes périodes
Bien qu’il arrive qu’on profite parfois de conditions clean semblables à celles de l’océan, la plupart du temps, on dépense notre énergie à se battre contre les séries de vagues qui arrivent dans tous les sens. Ce phénomène est attribuable aux wind swells ayant une courte période. Même si ça peut être frustrant, on ride alors les vagues qu’on peut attraper, qui arrivent back à back. En se confrontant à ce genre de situation, ton corps est forcé de s’adapter rapidement. Cette réalité permet de transférer cette énergie et cette flexibilité dans d’autres situations, qui deviennent alors plus aisées.
Eau douce vs eau salée
À part le type de vagues, un élément majeur différencie l’océan des lacs: son eau! Alors que la mer est composée d’eau salée, les Grands Lacs sont eux composés d’eau douce. La masse volumique s’en trouve affectée dans la mesure où celle de l’eau douce inférieure à celle de l’eau salée, soit 1g/ml vs 1,025g/ml. Concrètement, il est donc plus difficile de flotter dans l’eau des Grands Lacs que dans la mer. Pour un surfeur, ça signifie une plus grande dépense d’énergie pour ramer, se stabiliser; en gros attraper des vagues. Si les lacs deviennent ton terrain d’entraînement quotidien, dès que tu te retrouveras en océan, tu sentiras qu’il te faut moins d’efforts pour surfer!
Équipement
Bien que les Grands Lacs reçoivent des vagues à l’année, c’est surtout l’automne et l’hiver qui représentent les meilleures saisons pour surfer. Si le froid se traduit par une plus grande difficulté à respirer, et donc une plus grande sollicitation du système cardiovasculaire, il implique aussi de se parer contre ses inconvénients en portant le bon équipement. Un wetsuit épais, des booties et des mitaines te feront sentir plus restreint dans tes mouvements. Ils ajoutent aussi environ 10 livres à ta masse corporelle! Le bon côté des choses, c’est que ta force musculaire s’en trouvera sollicitée… même une fois la session terminée, dû à la bataille contre son wetsuit qui s’ensuit!
Quand donc viendra le temps de surfer dans un spot où le climat est favorable aux boardshorts ou bikini, tu te sentiras hyper léger tout en ayant l’impression de glisser sur l’eau comme un super héro. Du moins, c’est ce que je ressens dans ces moments-là. Plus la semaine avance, plus je réalise que les dures conditions à la maison me sont bénéfiques et m’ont énormément appris.
Si maintenant tu te demandes si oui ou non tu devrais plonger dans l’eau fraîche des Grands Lacs, cesse de te questionner et fonce. Il y a toujours quelque chose à apprendre des vagues, peu importe leur température ou combien désordonnées elles peuvent être. La clé est la pratique et surtout, avoir du bon temps. No bad days!
Par Antonio Lennert, instructeur de surf et co-fondateur de Surf the Greats, une organisation communautaire axée sur l’éducation au surf, l’aventure et le style de vie des Grands Lacs et plus loin encore.
Traduit de l’anglais par Sophie Lachance