À l’assaut des cours d’eau avec Taiga Board

Pascal et Nicolas Jolicoeur explorent le marché du SUP comme ils explorent les cours d’eau du Québec. De Gaspé à Montréal en passant par Hong Kong, ces aventuriers dans l’âme ont pris le pari de l’inconnu en lançant Taiga Board.

1 août 2018

Entrepreneuriat - Fins - Portrait

Bien que le nom de leur entreprise fasse référence à la forêt boréale, c’est aux rivières, aux lacs et évidemment aux océans que carburent les fondateurs de Taiga Board. Amateurs de sports de glisse et originaires de la Gaspésie reconnue pour ses grands espaces, pas étonnant que les cousins Jolicoeur aient trouvé leur compte dans le Stand Up Paddle (SUP). Une passion qui les a mené en terrain inconnu, tant au Québec qu’à l’autre bout du monde. On les a d’ailleurs attrapé avant qu’ils ne s’envolent pour Hong Kong (rien de moins!).

Crédit photo: Alexandra Côté-Durrer

Des planches de SUP inadaptées

C’est en 2010 via KSF que le tandem découvre le SUP, qui dès lors, leur semble être la suite logique au surf là où les vagues se font rares. Les planches de SUP qui leur plaisent se font toutefois tout aussi rares… Des formats inadaptés, des designs qui laissent à désirer et des prix élevés convainquent Pascal et Nicolas de modifier les planches eux-mêmes, selon leurs préférences et celles de leur entourage. L’ajout du bois était d’ailleurs important pour eux puisqu’il s’agit d’un matériel qui représente d’une part l’identité du Québec, et qui de l’autre rehausse l’aspect esthétique de la planche.

Même si l’un vit à Gatineau et l’autre à Montréal, Pascal et Nicolas décident en 2014 de combiner leurs forces respectives pour créer Taiga Board. Pascal a le côté fonceur propre aux entrepreneurs, lui qui travaille en gestion immobilière. Nicolas c’est l’esprit cartésien, lui qui oeuvre dans le domaine de l’ingénierie. Avec 60 planches de vendues à leur première année, et une croissance rapide depuis, il semble que leur intuition était bonne.

Compagnie d’ici, fournisseurs d’ailleurs

Si les shapers créent de leurs mains, Pascal et Nicolas créent de leurs ordinateurs, tels des sculpteurs virtuels. « C’est de la modélisation 3D », explique Nicolas. Les dimensions, le volume, le design: tout est entré dans un logiciel selon l’oeil créatif de Pascal et l’oeil analytique de Nicolas. Un peu comme l’hémisphère droit et gauche d’un seul et même cerveau. Les informations sont ensuite acheminées aux fournisseurs, qui eux confectionnent les planches.

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Des fournisseurs québécois pour une compagnie québécoise? Pas tout à fait. Si faire affaire avec des fournisseurs en Asie semble contradictoire au message de la marque qui promeut les ressources d’ici, Nicolas explique qu’en voulant offrir des produits accessibles à sa clientèle, minimiser les coûts des dépenses coule de source. C’est aussi l’une des principales raisons pourquoi l’équipe s’est tournée vers la vente en ligne plutôt que dans des points de vente, qui nécessiteraient une marge supplémentaire « ultimement payée par le consommateur », indique Nicolas

Il continue en mettant les choses en perspective. « Même si tu fabriques ta planche ici au Québec dans ton garage, tu vas utiliser des produits chimiques et tu vas utiliser du foam que tu vas jeter. » Puis si le carbone utilisé pour le transport des planches de SUP génère de la pollution, Nicolas rappelle que tous les voyages de surf impliquent une émanation de carburant, que ce soit pour se rendre dans le Maine en voiture ou au Costa Rica en avion. « Le surf, c’est un des sports les plus polluants! ». Il conclut sur le fait que le SUP ne nécessite en soit que de l’énergie humaine, « celle que tu brûles avec tes bras », sans gaz contrairement à certaines embarcations nautiques.

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Exploration et démocratisation des eaux

Lorsqu’ils ne travaillent pas et que la température le permet, Pascal et Nicolas partent à la découverte des différents lacs et rivières du Québec avec la mission de ne jamais déposer leur SUP deux fois au même endroit. Cela leur permet aussi de tester leurs produits. « Aller dans des lieux que personne ne connaît. C’est l’exploration à chaque nouvelle descente », ajoute Pascal. Leur spot préféré? La Rivière Rouge, près de Mont-Tremblant.

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Bien que les terres qui bordent les cours d’eau du Québec puissent être privées, sauf exception fait d’une mince bordure aux alentours, la loi reconnaît à l’État la propriété des cours d’eau. Incidemment, le droit d’usage à toute la population (article 919 CcQ). « Mais il n’y a pas assez de monde qui sont au courant », indique Nicolas. Un des projets des gars consiste donc à répertorier les accès publics à l’eau pour que les gens puissent y emmener leur SUP. Une excellente façon de redécouvrir le Québec, où l’on compte plus d’un demi million de lacs et 4 500 rivières!

La famille avant tout

Des projets, ce n’est pas ce qui manque à Pascal et Nicolas. En plus des nouveaux accessoires et modèles de SUP qu’ils développent chaque année, on peut s’attendre à voir Taiga s’associer à des écoles de surf/SUP qui font la location d’équipements à travers la province. «Côte Nord, Saguenay, Gaspésie», énumère Nicolas. Originaires de cette dernière région, c’est donc une forme de retour aux racines pour les cousins Jolicoeur.

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Au Québec il y a tellement de cours d’eau. Avec le SUP, on n’est pas obligé de traîner un gros canöe ou un kayak, et on va chercher le même feeling que les sports de glisse. – Nicolas Jolicoeur

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Même s’il n’est pas toujours facile de gérer une entreprise familiale, les gars sont fermes sur la place qu’occupe leur relation par rapport à leur entreprise. « Je ne briserai pas la relation que j’ai avec mon cousin pour une question d’argent. La journée où ça la brise, on arrête tout, c’est clair et certain », énonce Nicolas, pour qui la famille est plus importante que jamais alors qu’il est récemment devenu papa. Que ce soient les liens à la famille ou à la Belle Province, ce sont là des valeurs centrales de Taiga Board. Un peu comme Ulysse de l’Odyssée d’Homère, qui malgré ses voyages en mers inconnues, retourne ultimement là d’où il vient, auprès des siens.

À propos de FINS

Ce dossier représente le prolongement de FINS, un projet portant sur les visages derrière l’industrie du surf à Montréal. Mené par Alexandra Côté-Durrer, FINS marque la direction vers laquelle cette jeune photographe s’oriente, soit une carrière dans la photo professionnelle de surf.