Entrepreneuriat - Fins - Portrait
La boutique Archive, qui s’est fait connaître auprès de la communauté du surf montréalaise grâce au Surf Swap, c’est un antre de belles choses bien choisies par ses propriétaires Sébastien Burns et Myriam Granger. Simple, sans prétention, comme à leur image dans le fond. S’ils ne se disent pas à l’affût du monde de la mode et opposés au fast fashion, ils ont le flair pour les articles tant locaux qu’internationaux qui sauront se frayer un chemin dans le coeur des gens. Que ce soit des vêtements, des lunettes, des bijoux sans oublier des planches de surf Guava en saison estivale. « On espère que ce qu’on aime d’amour, chaque pièce coup de coeur qu’on choisit, plaira à nos clients », explique Sébastien.
Crédit photo: Alexandra Côté-Durrer
Micro-boutiques
C’est d’ailleurs le mode de vie « bord de mer » qui les inspire dans chacun de ces choix, comme ça été aussi le cas avec le concept initial de la boutique. Si beaucoup reviennent de l’Asie du Sud-Est avec les yeux brillants, quelques bleus et des histoires à raconter, Sébastien et Myriam en sont revenus inspirés pour mettre sur pied leur entreprise. Un voyage de quelques mois durant lesquels ils ont été immergés dans le marché des micro-boutiques.
En revenant au Canada, le couple a reconnu la chance qu’ils avaient de pouvoir faire l’essai de se partir en affaires sans trop de dommage en cas d’échec, contrairement aux habitants de ces pays en développement. Parallèlement, Sébastien occupait à l’époque le poste de responsable marketing chez Insight. Un travail qu’il a d’ailleurs décroché sans études supérieures, basé sur son grand sens de l’entregent et sa capacité à entretenir des liens forts avec son entourage. Et ce, même face à d’autres candidats titulaires d’une maîtrise! C’est avec cette énergie et cette habileté sociale qu’il a travaillé auprès de plusieurs petites boutiques à travers l’Europe et l’Amérique du Nord. Pendant trois ans, il a designé des sections de ces boutiques pour mettre en valeur la marque, non sans remarquer le travail de leurs propriétaires.
« Bangkok nous a beaucoup inspirés. On y a vu des expos d’art, découvert la scène de la mode et le marché des petites boutiques indépendantes, en dehors des marchés de touristes. » – Myriam
Ensemble, ils ont ainsi su reconnaître et allier leurs forces respectives: la vision, le charisme et la connaissance de l’industrie de Sébastien, tout ça combiné à la force tranquille de Myriam. Bien qu’elle s’occupe des commandes et de la comptabilité avec rigueur de façon isolée, c’est dans cette même solitude qu’elle puise son côté artistique. Grâce à son background en arts visuels, Myriam conçoit non seulement le graphisme des pièces promotionnelles; elle réalise les oeuvres qui ornent les murs de la boutique et qui lui donnent par le fait même une âme particulière. En plus, Myriam est joaillière et conçoit certains des bijoux disponibles chez Archive. On peut difficilement faire plus local!
Le Surf Swap, agent de rassemblement
Le Surf Swap fait maintenant officiellement partie des incontournables de l’été. C’était la première fois cette année que l’événement qui en était à sa 4e édition prenait une ampleur au-delà de la ruelle adjacente au magasin, preuve de son effervescence. Le couple explique que si la première édition en 2013 avait attiré pas moins de 400 personnes avec une offre record de 70 planches, l’événement annuel grossit de plus en plus. Une initiative sans profit, soulignent-il, organisée par le biais de leur OSBL Le club de course de Villeray.
« Ce qui m’a fait triper, c’est l’idée que les gens se réunissent autour d’une même passion et qu’il n’y ait pas d’idée mercantile derrière tout ça. » – Sébastien
C’est en Australie, puis en Californie que Sébastien a été témoin du concept qui s’est révélé être un coup de coeur automatique. Avec son expérience en événementiel, il n’en fallait pas plus pour qu’il l’importe au Québec. Pas facile toutefois de rester fidèle au concept original compte tenu des différences culturelles. « Les surfeurs d’ici ont souvent juste un board dont ils ont payé le plein prix. Il y a beaucoup de comparatifs en termes de valeur, de conditions de la planche dans l’acte d’échange. Alors que les surfeurs qui vivent ailleurs, c’est normal pour eux d’avoir plusieurs planches et d’avoir plus de facilité à les échanger. » C’est pourquoi la vente et l’achat sont possibles au Surf Swap d’Archive.
L’essence du concept reste toutefois le même qu’ailleurs. Il se veut rassembleur, explique Sébastien. « Le but c’est pas qu’il y ait dix mille personnes. Notre travail c’est d’être créatif pour recréer l’effet de proximité, de communauté. » Si l’édition du Surf Swap 2016 s’est avérée être la plus diversifiée de toute (incluant bouffe, motos, vans, sérigraphie), la prochaine le sera encore plus. Après avoir assisté au Surf Re-Evolution organisé par Grain Surfboards l’automne dernier, le couple a réalisé que davantage de collaborations pourraient rendre l’événement encore meilleur. « Ça nous a sonné des cloches qu’à travers le Surf Swap, de façon involontaire, on n’a pas été assez inclusif dans notre projet. »
« Si on peut impliquer plus de monde et que chacun peut amener sa saveur, ça va être encore plus représentatif de la communauté de surf d’ici. » – Sébastien
Un café-boutique
Le duo rappelle que si les choses roulent maintenant comme ils le veulent, les début n’ont pas été faciles… même que personne dans leur entourage n’y croyait vraiment. « On a ouvert Archive avec 15 000$ de prêts personnels. On a menti les deux à la banque! Moi j’ai dit que je voulais m’acheter une auto », avoue Sébastien qui en rit encore. Cela aura pris trois ans avant qu’ils puissent enfin se verser un salaire, témoignant de leur persévérance. « Faut vraiment y croire. », souligne-t-il Comme quoi le succès repose sur un calcul bien pesé entre les règles à suivre et celles à briser.
À lire aussi:
Entre caféine et résine avec Mitch Martin
« On a commencé très naïvement, avec un budget dérisoire. Le plan d’affaires est arrivé un an après l’ouverture de la boutique ! » – Sébastien
Aujourd’hui, les choses vont mieux pour les fondateurs d’Archive, assez pour doubler la superficie du magasin grâce à la location du local voisin. Il sera même possible dès le printemps prochain d’attraper un café au passage, projet que convoite Sébastien depuis les touts débuts d’Archive. C’est après un passage au Saturday Surf à New York qu’il a eu un coup de coeur (une fois de plus!) et réalisé la force de cette formule hybride. Le café offert sera d’ailleurs le même qu’au September Surf Café, soit du Anchored Coffee.
Archive fera-t-il donc concurrence au September Surf Café? « Quand tu associes surf et café, oui c’est des passions communes. Mais on n’a pas du tout la même vocation. » Archive restera donc avant tout une boutique de vêtements sans offrir d’espaces de travail, comme il s’en trouvent au September. Puis, toujours selon Sébastien, le domaine du café, c’est surtout une business de quartier.
Villeray a définitivement de la chance de compter Myriam et Sébastien parmi ses citoyens, ainsi que leur boutique parmi ses allées. Une boutique qu’on retourne visiter, pas seulement pour ses collections et son vibe qui nous transporte au delà de la métropole, mais surtout pour la chaleur et la bonté de ses créateurs.
À propos de FINS
Ce dossier représente le prolongement de FINS, un projet portant sur les visages derrière l’industrie du surf à Montréal. Mené par Alexandra Côté-Durrer, FINS marque la direction vers laquelle cette jeune photographe s’oriente, soit une carrière dans la photo professionnelle de surf.