Environnement
Des milliers de manifestants se rassemblent depuis plusieurs mois sur le territoire de la réserve indienne de la tribu Sioux, au Dakota du Nord. Nommés les « protecteurs de l’eau », ils manifestent contre la construction du Dakota Access Pipeline : un projet d’oléoduc controversé menaçant la seule source d’approvisionnement d’eau douce de leur territoire. Aujourd’hui, les Sioux se lèvent pour refuser ce projet dangereux, mais également pour faire entendre leur voix!
Crédit photo: Stephanie Keith – Reuters
Le territoire des Sioux se voit aujourd’hui menacé par l’oléoduc de plus de 1 800 kilomètres qui traversera la rivière Missouri, empiétant sur leur réserve. Pour sa construction, des lieux ancestraux sacrés ont déjà été détruits et la qualité des cours d’eau du territoire autochtone est gravement menacée. Craignant que l’oléoduc contamine les réserves d’eau potable en cas de fuite, les manifestants refusent que celui-ci traverse l’un des derniers territoires légués aux membres de la Première Nation Sioux Standing Rock.
« Chaque fois qu’une nouvelle ressource est exploitable, les compagnies viennent s’approprier notre territoire. Nous sommes plus que tannés de nous faire traiter de cette façon. Assez, c’est assez! » – Membre de la Première Nation Sioux Standing Rock
Depuis les derniers mois, l’atmosphère autour de la zone de construction s’enflamme entre la compagnie Energy Transfer Partners et les manifestants. Les affrontements violents régnant sur le site rappellent ceux en temps de guerre. En usant de canaux à eaux, de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène, des centaines de personnes ont été blessées et hospitalisées. L’Organisation des Nations Unies a quant à elle dénoncé l’usage excessif de la force contre les activistes. Déplorablement, les forces policières et militaires sur le terrain défendent les intérêts des multinationales et des gouvernements, au détriment de la protection de ses citoyens. Autoriser d’incriminer ceux qui protègent leurs droits fondamentaux contre ceux qui les détruisent, illogique, non?
Le 4 décembre dernier, le corps ingénieur de l’armée américaine a rejeté le tracé actuel du pipeline et a ordonné l’exploration de nouvelles routes pour terminer le projet. Une décision représentant une victoire pour les milliers de personnes qui occupent depuis des semaines les terres que devaient traverser l’oléoduc. De leur côté, les dirigeants du Dakota Access Pipeline ont dit vouloir mener à terme la construction de l’oléoduc, sans tenir compte du changement de trajet exigé par l’État. Reste à voir si la compagnie continuera illégalement la construction de son projet.
L’arrivée du nouveau président américain ne laisse présager rien de bon pour la cause. Considérant que celui-ci détient des investissements dans ces compagnies pétrolières, les activistes restent sceptiques envers le déroulement futur du projet. C’est pour cette raison que les manifestants comptent rester sur les lieux, aussi longtemps qu’ils pourront y être et ce, malgré l’arrivée de l’hiver.
Pourtant, plusieurs gouvernements à travers le monde promettent une transition énergétique et des investissements majeurs dans les énergies renouvelables. Reconnaissant les conséquences catastrophiques de l’utilisation d’énergies fossiles sur notre environnement, il est plus que temps de laisser ces réserves de pétrole dans le sol.
Pour sa part, le Canada a approuvé le 29 novembre dernier l’expansion de l’oléoduc Kinder Morgan. Un projet devant acheminer 890 000 barils de pétrole par jour entre l’Alberta et la Colombie-Britannique. Un projet tout aussi controversé ne respectant pas les promesses électorales faites par le gouvernement de Justin Trudeau.
« Je suis prête à bloquer les travaux d’expansion de Kinder Morgan, à être arrêtée et à aller entre prison » – Elizabeth May, Chef du Parti vert du Canada à SRC
Évidemment, tous ces engagements ne cadrent pas avec les objectifs affichés dans l’accord de la COP21, signé à Paris en 2015. Malgré cela, Donald Trump a signé le 24 janvier 2017 deux décrets visant à «renégocier les termes» des projets Keystone XL et Dakota Access. Pour plusieurs, cela marque à l’encre une violation directe à l’environnement. Ce qui se produit à l’heure actuelle au Dakota du Nord et au Canada reflète l’ampleur d’une problématique politique, écologique et sociale importante, qui ne semble pas prête de se terminer.