De Bali aux Mentawai: braver le chaos des transports indonésiens

Alors que le système de transport balinais permet d’explorer l’île aisément, se déplacer vers les spots de surf au delà de l’île des Dieux relève d’un réel défi.

18 avril 2017

Asie - Indonésie

Envie d’un surf trip en Indonésie différent de l’itinéraire emprunté par les masses? Ce n’est pas que les rizières d’Ubud ou le temple de Tanah Lot n’en valent pas la peine, mais un voyage en marge de l’itinéraire classique est pas mal plus thrillant. Pour surmonter les frontières balisées de l’île des Dieux toutefois, un vrai casse-tête se dessine d’un point de vue logistique. C’est le passage obligé des transports indonésiens, auquel on aura goûté pour le tournage de Bagus Sekali. D’une part, à l’est de Bali, vers Sumbawa en passant par Lombok. Puis à l’ouest, vers les Mentawai en passant par Java et Sumatra. Autant de détours pour te rapporter quelques suggestions d’itinéraires et les modes de transport adaptés pour se rendre à bon port, là où les vagues attendent.

Crédit photo: Benjamin Rochette

À Bali: priorité à la moto

Bali a le mérite d’avoir vu ses initiatives locales se diversifier ces dernières années en termes de transport pour répondre à la demande des touristes. Bien qu’il n’y ait pas de système d’autobus tel qu’en Amérique du Sud, les taxis sont nombreux et les locations de motocyclettes affluent.

D’ailleurs, si «métro boulot dodo» est le mot d’ordre à Montréal, en Indo, c’est «moto surf dodo». C’est pour dire à quel point la moto est in-dis-pen-sa-ble pour pouvoir se déplacer où bon te semble au rythme des swells. Et si les vagues sont décevantes, elle permet d’explorer les environs. C’est donc non seulement la façon la plus économique de voyager, mais aussi la plus flexible. Possible aussi d’embarquer avec ton backpack sur le dos et ton boardbag sur le côté pour franchir de plus longues distances. Plus vite qu’un scooter tel qu’on le connaît, la moto est au final sans contredit la meilleure façon de visiter le pays dans ses recoins insoupçonnés.

En arrivant à l’aéroport international de Denpasar à Bali, qui représente souvent le point d’arrivée en Indonésie, c’est donc la première chose à faire, même si tu comptes quitter l’île! Pour notre part, on a choisi d’effectuer le trajet de Bali à Sumbawa à moto pour toute la latitude que ça nous laissait (on a même pu faire une course sur une piste d’avion d’un aéroport pas encore en service!). Cet itinéraire inclut la traversée de l’île de Lombok, qui s’interpose entre les deux, à moto également. Puis, les routes de Lombok ont le mérite d’être moins achalandées que celles de Bali, et celles de Sumbawa assez bien entretenues!

Prix

La négociation est un art à Bali. Il ne faut pas se gêner pour dealer avec un commerçant du coin pour baisser le coût de la location puisque les Balinais gonflent souvent, voir toujours, les prix auprès des touristes (normal!). Il ne faut pas sous estimer non plus le pouvoir des relations. Votre hôte connaît sûrement quelqu’un qui loue des motos et qui pourrait vous faire un prix. Sache que plus longtemps tu loues une moto, plus bas devrait être le prix. Du moins, c’est un argument valable. La moyenne est de 50 000 roupies (5$ CAD) par jour pour environ une semaine.

Quant à la façon de négocier, alors qu’en Amérique du Nord l’insatisfaction voir la frustration peut fonctionner auprès de certains marchands (bonjour la téléphonie cellulaire), cela ne vous apportera nul part à Bali. Culturellement, les Balinais sont plus enclins à descendre leur prix si on négocie amicalement avec eux. Sourie au vendeur, sois léger et blagueur, les bras non croisés, tout en démontrant que tu connais quelques mots de leur langue, question de leur signifier ton respect tout en détendant l’atmosphère.

Permis de conduire

Techniquement, il faut un permis de conduire international pour louer tout véhicule, même en Indonésie. Ce n’est toutefois pas tous les commerçants qui le demanderont mais sois assuré que si un policier repère ta tête d’Occidental sur la route, il t’arrêtera sur-le-champ pour le vérifier… souvent avec l’espoir de se faire refiler quelques roupies en échange d’échapper à une contravention!

Sécurité

Les policiers visent justement les touristes qui n’ont pas de casque pour leur remettre une infraction. Mais faut-il vraiment rappeler l’importance de porter un casque? Quand 400 Indonésiens meurent chaque jour sur la route et que de nombreux locaux et voyageurs (surtout des Australiens) conduisent leur moto avec une coupe de bintang dans le nez, ben oui, ça l’air qu’il faut le rappeler. Tu remarqueras certainement d’ailleurs les marques sur les jambes des Balinais. Ce qu’ils appellent le “bali kiss” est le résultat d’une brûlure cicatrisée produite au contact du moteur, suite à une chute. Ça explique en partie le port du pantalon en moto, qui en soit, n’est pas une si mauvaise idée malgré la chaude température.

Parlant d’accident, sache qu’il n’y a pas d’assurance qui vient avec la location. Tu es personnellement responsable si tu abimes la moto ou si tu es impliqué dans un accident. Avant de partir, pense donc à la prendre en photo. Puisque leurs propriétaires savent que les accrochages sont choses courantes, ils ne se gêneront pas pour te faire remarquer telle scratch ou telle bosse sur la moto lorsque tu la retourneras. Des dommages qui pourraient avoir été là avant même que tu ne la loues. Une preuve en poche pourrait te faire économiser quelques roupies.

Vers Sumbawa: le traversier

Prendre le traversier pour outrepasser l’océan indien qui sépare les îles est nécessaire si aucun aéroport ne les dessert. Et même si c’était le cas, ça reste le transport le moins dispendieux. Il faut compter environ 7 000 roupies (7$) pour une traversée, tout dépendant de la durée, avec un petit excédant pour la moto. Les traversiers permettent aussi de prendre avec soi sa moto préalablement louée, souvent à meilleur prix qu’à destination. À Lombok par exemple, elles sont souvent plus cher que chez sa voisine balinaise. Si les traversiers sont assez lents à franchir la distance entre deux côtes, ils permettent du moins de vivre au rythme des populations locales et d’apprécier le paysage.

Pense à t’informer au sujet des horaires au moins une journée avant de partir, car parfois, les traversiers peuvent offrir un seul départ par jour. Pour se rendre à Lombok à partir de Bali, les départs se font soit à Sanur soit à Padangbai. Certains traversiers vont en direction du port de Senggigi, à mi-chemin entre le nord et le sud de Lombok. D’autres se rendent à celui de Lembar, plus au sud, là où nous avons choisi de mettre le cap. Une fois arrivé à Lombok, c’est une centaine de km qui sépare Lembar du port de Labuhan, à l’ouest, servant ultimement à se rendre à Sumbawa. On fait la traversée entre les deux ports exclusivement en moto, pour reprendre le traversier et enfin atteindre le port de Poto Tano à Sumbawa.

Objectif Mentawai: la totale

Jusqu’à présent, c’est comme si on avait goûté à un gin tonic ou à un rhum & coke niveau transport. Mais se rendre aux Mentawai à partir de Bali ou même de Java s’apparente plutôt à cocktail excentrique: plus complexe, plus cher, plus long à préparer mais qui en vaut vraiment la peine. Dans la liste d’ingrédients: deux avions, du taxi et deux bateaux, incluant un fast boat et une chaloupe. Mais avant d’entreprendre l’aventure, il est recommandé de réserver directement auprès d’un hotel dans les Mentawai. Attention, on ne fait pas référence ici à un «resort cinq étoiles tout inclus». Ça reste très roots comme expérience, mais ça évite énormément de complications, puisqu’ils proposent un service de transport en amont pour se rendre aux Mentawai et une fois sur place, pour se rendre aux surf spots.

Avion

Après avoir fait la route sur les îles à l’est de Bali, on est retourné sur nos pas pour revenir au point de départ: Denpasar. On délaisse alors la moto pour prendre l’avion vers l’ouest, dans le but ultime de joindre les Mentawai.

Ici, deux choix: celui d’aller directement à Sumatra, à destination l’aéroport de Padang. Il n’y a toutefois pas de vol direct. On a donc plutôt choisi de faire un détour par Jakarta, sur l’île de Java. Ça permet non seulement d’abaisser le coût du billet d’avion (un vol Denpasar – Jakarta suivi de Jakarta – Padang étant généralement moins cher qu’un vol de Denpasar – Padang), mais surtout de profiter des vagues javanaises. En moins de deux heures, on est à Jakarta, mais compte tenu du décalage horaire, c’est comme si ça en prenait une!

Si tu as ta planche de surf, n’oublie pas de consulter les coûts à cet effet des compagnies aériennes pour faire ton choix de vol. Car bien que les prix des compagnies soient en général très bas, elles chargent souvent assez cher pour les bagages de format excédentaire!

Taxi

Une fois à Jakarta, si l’envie te prend de te louer une moto, un simple coup d’oeil au trafic devrait t’indiquer que ce n’est pas la meilleure des idées. À elle seule, la ville compte plus de 9 millions d’habitants, soit près de deux fois la population totale de Bali. Penses-y.

C’est là que devient pertinent de se procurer les services d’un chauffeur de taxi près de l’aéroport, et que l’argument de la sécurité prévaut sur celle de l’économie. Pour se rendre à Turtle, le spot qu’on voulait surfer, il faut compter environ 7h de route pour franchir environ 200 km, représentant 120$ le trajet. Pour t’éviter de la coordination supplémentaire, il est possible de proposer au chauffeur de revenir te chercher si tu connais ta date et heure de retour vers l’aéroport de Jakarta, duquel on s’envole pour Sumatra.

Le fast boat procédera à un premier arrêt sur une île, où il ne faut pas débarquer. C’est au deuxième qu’il faut faire un transfert de bateau pour se rendre à destination de Siberut, l’île de ravitaillement juste avant d’arriver dans les Mentawai. Note qu’à partir d’ici, fini le luxe des fast boats; c’est une chaloupe qui t’embarquera vers Siberut. C’est d’ailleurs le “représentant” désigné de ton hôtel ou de ton surf camp qui viendra te chercher. D’où l’importance de réserver d’avance.

Si la marée est basse et que le vent est calme, ton embarcation entamera le trajet contournant l’île. Si le vent est agité et que la marée est assez haute, elle prendra la direction des mangroves, passant par le fait même à travers l’île. Et si la marée déjoue les estimations et descend trop bas, il faudra faire comme nous et se mouiller: débarquer du bateau afin de le rendre moins lourd!

Série Bagus Sekali

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Si Montréal est le quartier général de OuiSurf, l’île de Bali est sans aucun doute leur deuxième maison. Véritable Mecque du surf, Bali s’est forgée la réputation d’être le berceau des meilleures vagues au monde. Alors que cette destination a gagné en popularité auprès des voyageurs au cours de la dernière décennie, les autres îles du pays sont, quant à elles, restées dans l’ombre. Parfois difficile d’accès et bien trop souvent oubliées des touristes, le reste de l’archipel regorge d’histoires, de vagues vierges et de cultures méconnues. C’est donc à la conquête d’aventures que OuiSurf part documenter quelques uns des lieux les plus reculés de l’Océanie.