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Par Stefano Graff
Durant le mois de mai, nous sommes normalement tous rivés aux vagues de Rio de Janeiro où se déroule la troisième manche de l’ASP. Mais cette année la vague de Teahupoo vient ravir à sa consoeur toute l’attention de la communauté de surf! La Polynésie française est touchée par un phénomène météorologique inattendu! Depuis lundi, la petite Tahiti, appelée Tahiti iti, subit les contrecoups d’un système dépressionnaire complexe d’origine polaire. Pour certains, c’est un cadeau des dieux de surfer ces vagues de plus de 8 mètres aperçues au courant de la semaine. Les vagues semblent doubler de volume à chaque seconde!
Le mot s’est vite répandu et la communauté de Taiarapu Ouest a vu débarquer les plus grands noms du surf tel Laird Hamilton, Shane Dorian, Garrett Mc Namara. À ces noms s’ajoute le local Raimana Van Bastolaer et Keala Kennelly, une des seules filles au monde à affronter ce monstre d’eau. Des noms légendaires liés à cette perfection incarnée. Il ne faut pas oublier les caméramans et photographes qui ont le courage de les suivent de près au pied de ce mur d’eau imposant afin de nous permettre d’apprécier ce majestueux spectacle dans le confort de notre salon.
En principe Teahupoo attire l’attention surtout au mois d’août pour son étape du circuit mondial, mais ce phénomène météorologique vient de prendre par surprise toute la communauté! Depuis sa découverte en 1986 par deux bodyboarders cette vague de récif unique qui continue de bouleverser le monde du surf! Depuis, elle a été incluse au top 10 des vagues les plus meurtrières par Transworld Surf, rien de moins… D’ailleurs elle compte à son actif cinq morts depuis les années 2000.
C’est surtout durant la saison sèche entre avril et octobre que les surfeurs sont aimantés par la quête de dompter cette vague mythique. Les houles du sud et du sud-ouest se dirigent directement sur un récif peu profond qui mène à la création d’une vague creuse, épaisse et redoutable pour quiconque ose la chevaucher. Une gauche rapide qui se prend avec un late take off vertical. En principe, une fois debout le tour est joué… mais c’est l’irrégularité dans le contour du fond de la vague (pocket) qui rend le tout encore plus difficile et technique. Ceci étant provoqué par un brusque changement au niveau de la mer qui passe de 50 mètres à moins d’un mètre en peu de temps. Lors de l’impact une partie de la vague ralentit tandis que celle qui vient des profondeurs conserve sa vitesse. Ces deux ondes se percutent pour venir former un mur qui s’abattra subitement sur une barrière de corail prêt à vous déchiqueter en morceau. Teahupoo en tahitien signifie “mûr de crane” alors ça vous donne une idée de ce qu’elle représente pour les initiés.
La vague aussi haute que large aspire l’eau du récif devant elle et forme un tube hors de toutes proportions. Chaque seconde passée à l’intérieur de cette caverne d’eau salée offre le sentiment d’immortalité tant recherché par le surfeur. Une fois lancée, tout est plus puissant, plus rapide. Un tube d’une toute autre dimension! On sent le mouvement de l’eau quand la vague arrive, toute cette eau vient gonfler la lèvre qui triple d’épaisseur et s’abat comme une guillotine. Ce tube défit tous les mathématiciens. Il existe des vagues similaires ailleurs mais rien d’aussi parfait à cette taille.
Aller surfer Teahupoo est un rendez-vous avec son propre destin, et encore une fois, cette vague nous convie à sa grande messe pour nous faire apprécier les exploits des plus grands de ce sport.
Tout notre respect aux surfeurs qui tenteront de dépasser leurs limites cette semaine face au système dépressionnaire complexe d’origine polaire.
Stefano Graff