Expédition Kuugaaluk : le Nunavik en SUP-camping

En août prochain, une gang d’aventuriers descendra la rivière aux Feuilles au Nunavik en SUP.  Ils parcourront 300 kilomètres en suivant le chemin autrefois emprunté par les Inuits pour traverser de la côte d’Hudson à la baie d’Ungava. Leur objectif : inspirer les autres à explorer les régions naturelles du Nord.  Discussion avec Pascal Anctil, l’un des instigateurs du projet.

L’idée derrière l’Expédition Kuugaaluk

OuiSurf: L’engouement pour le SUP est en hausse constante au Québec, pourtant il y a encore peu de gens qui s’aventurent à faire du SUP-camping, surtout dans des régions isolées comme le Nunavik. D’où est venue l’idée de l’Expédition Kuugaaluk?

Pascal: Lucile et moi habitons la région du Nunavik depuis les dernières années. Nous avons souvent fait de belles expéditions sur le territoire en hiver, car il est beaucoup plus facile de s’y déplacer sur de grandes distances quand les lacs et les marais sont gelés. Nous profitions de l’été pour faire de petits weekends de pêche aux alentours de Kuujjuaq ou visiter les magnifiques parcs du Nunavik. Malgré ces belles sorties, nous n’avions pas encore eu la chance de partir à l’aventure plus d’une semaine sur le territoire. Une descente de rivière semblait être une excellente idée pour une telle aventure qui combinerait plusieurs de nos passions en 1 seul voyage : le SUP, la pêche, le camping et la randonnée. Mon frère Alexandre, et nos amis Antoine et Karina ont sauté sur l’occasion afin de vivre cette expérience avec nous.

OuiSurf: Quand on pense à ce genre d’expédition, c’est souvent le canot qui nous vient en tête. Pourquoi avoir choisi le SUP comme moyen de transport?

Pascal: Tout simplement pour faciliter la logistique du transport. Nous avions 2 options possibles : le packraft ou le SUP gonflable. Suite à un achat de SUP l’été passé, nous avons rapidement eu la piqûre. Le SUP nous permettait de retrouver un peu le plaisir des sports de glisse que nous pratiquons beaucoup dans le Sud (surf et kitesurf) tout en facilitant d’autres activités que nous pratiquons au Nord comme le camping et la pêche. Le SUP est rapidement devenu un choix facile pour notre expédition.

SUP-camping au Nunavik
Photo: SUP-camping au Nunavik par Lucile Drouineau

La logistique des bagages sur un SUP

OuiSurf: Vous allez donc partir 11 jours, ce qui implique de transporter du matériel de camping, mais aussi toute la nourriture et des vêtements. Quel genre de SUP allez-vous utiliser pour être capable de trimballer tout ça dans des rapides ?

Pascal: Le choix simple aurait été d’avoir une planche rigide de touring d’environ 12 pieds, nous permettant des déplacements rapides et efficaces. Par contre, la logistique du transport et la réalité du terrain nous force à trouver une planche beaucoup plus polyvalente. En effet, la faciliter à transporter le SUP en hydravion, la solidité de la planche dans les rapides et la capacité à charger la planche sont tous des points importants pour l’expédition. Nous cherchons présentement des collaborateurs afin de trouver des planches qui nous permettraient de compléter l’aventure le plus efficacement possible. Idéalement, il nous faudra une planche gonflable, capable de descendre de petits rapides, d’une longueur de 11 à 12 pieds, ayant une largeur de 34 à 36 pouces et qui possède les points d’attache nécessaires pour charger notre matériel de façon sécuritaire.

OuiSurf: Comment allez-vous faire vos bagages étant donné les limites de poids imposées par l’hydravion et le SUP?

Pascal: Pour le moment, à moins que d’autres personnes ne s’ajoutent à notre équipe, le facteur limitant pour les bagages reste le SUP. L’hydravion qui nous transportera à la source de la rivière aux Feuilles pourra facilement transporter 6 personnes avec chacun un peu plus de 100lbs d’équipement incluant les SUP. Nous prenons quand même les précautions nécessaires afin de voyager le plus léger possible. En effet, la nourriture lyophilisée, l’équipement de camping ultra light et un minimum de vêtements chauds nous permettront non seulement de voyager léger en SUP mais aussi de limiter le volume de notre matériel sur notre embarcation. Aussi, nous planifions faire l’expédition sans laisser de traces. Tout ce que nous apporterons avec nous, nous le rapporterons.

Expédition Kuugaaluk
Photo: Lucile Drouineau

Les risques du SUP-camping en région éloignée

OuiSurf: Vous vous apprêtez à passer 11 jours coupés du reste du monde. Comment on se prépare à partir off the beaten track dans le Nord, en SUP?

Pascal: Nous avons pu vivre les plaisirs du camping en SUP sur les lacs et rivières entourant la communauté de Kuujjuaq. Mais nos sorties se limitent présentement à 2 jours. On utilise aussi souvent les SUP pour aller pêcher sur ces mêmes lacs après le boulot pendant les mois les plus chauds.

Par contre, la préparation d’un tel projet nécessite beaucoup plus que de simples petites sorties près de la communauté. D’abord, nous avons discuté avec des gens qui ont déjà vécu l’expérience de la descente de la rivière aux Feuilles en packraft et en canoë. L’entraînement reste aussi une partie indispensable au projet. En effet même si le courant de la rivière nous aide à certains endroits, il nous faudra quand même pagayer au total plus de 300 km sur une rivière où plusieurs sections sont presque sans courant. De plus, une formation sur la rivière Rouge est prévue en mai afin d’apprendre des techniques en eau vive et des techniques de sauvetage.

OuiSurf: En terminant, quelles sont vos plus grandes craintes? 

Pascal: Même si les vents dominants sont les vents d’Ouest (vent de dos), le Nunavik nous réserve souvent des surprises point de vue météo. Il peut arriver d’avoir un vent assez fort du Nord-Est qui pourrait ralentir notre progression. Heureusement, nous avons planifié des journées supplémentaires afin de compléter l’expédition. Ensuite, même s’ils sont rarement vus sur la rivière, il n’est pas impossible de croiser un ours polaire en s’approchant de la baie d’Ungava. Bien entendu, nous prendrons les précautions et les mesures nécessaires pour éviter tout contact. Finalement, se faire manger par les moustiques 

En attendant le grand départ prévu en août prochain, l’équipe prévoit enchaîner les petites expéditions pour bien se préparer. Tu peux suivre les développements en t’abonnant à leurs pages sur Facebook et Instagram. Et nous, on prévoit bien couvrir l’aventure du début à la fin ! 

Les membres de l’expédition Kuugaaluk