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Au Québec comme ailleurs, quand on joue dans l’eau froide, le port d’une combinaison isothermique, wetsuit, est indispensable. Avant d’investir temps et argent, il y a quelques questions à se poser et informations à assimiler. Voici un guide pratique et facile afin de vous aider dans vos choix.
en collaboration avec Hugo Lavictoire du KSF
Un peu d’histoire
Hugh Bradner, un physicien de l’université de la Californie, aurait inventé le wetsuit moderne en 1951, mais c’est Jack O’Neill qui est reconnu comme celui qui a perfectionné et popularisé les premières combinaisons en néoprène qui permettent aux surfeurs et aux plongeurs de rester plus longtemps dans l’eau froide. C’est au début des années 1950 qu’il fait ses premières expérimentations afin d’aller surfer dans le nord de la Californie, où les spots sont nombreux et intéressants, mais où l’eau y est très froide. Il a alors la bonne idée de modifier les combinaisons de natation et de remplacer le caoutchouc par du néoprène, beaucoup plus mince et flexible. En 1952 à San Francisco, il ouvre son premier magasin, le Surf Shop, dans ce qui s’apparente davantage à un garage, situé juste en face de son spot favori. C’est le début d’une grande histoire.
Son slogan de l’époque : « It’s always summer inside ».
C’est finalement en 2017 qu’il nous quitte à l’âge très respectable de 95 ans. L’héritage qu’il laisse derrière lui marque certainement l’histoire du surf, car depuis sa création, le wetsuit a été modifié et amélioré à de nombreuses reprises et nous permet de jouer dans une eau de plus en plus froide, et encore plus longtemps!
Comment ça fonctionne?
Le principe est simple. Comme son nom le laisse sous-entendre (wet suit) la combinaison laisse pénétrer une fine couche d’eau qui restera coincée entre le néoprène et la peau. Le corps réchauffe ensuite cette fine couche d’eau et nous permet de rester au chaud. Vous l’aurez compris : plus le néoprène est épais, plus l’eau à l’intérieur et notre corps sont isolés et moins on perd de chaleur.
C’est donc dire, plus l’eau est froide, plus la combinaison doit être épaisse.
Bien ajusté à votre corps – Crucial à la performance
Si l’eau entre en trop grande quantité dans notre combinaison ou si elle en sort trop facilement, notre corps ne pourra pas réchauffer l’eau à l’intérieur de manière efficace et vous aurez froid. Dans certaines conditions, vous risquez même l’hypothermie. C’est pourquoi les compagnies offrent différentes tailles (par exemple: MT /medium tall, MS /Medium Small, LS/ Large small, etc. ) pour faciliter vos choix.
Il est impératif de choisir la taille parfaite pour votre composition corporelle et d’essayer votre combinaison avant de l’acheter. Surtout si c’est votre première fois. Comme le conseille Hugo Lavictoire à ses clients : « il faut que le wetsuit soit le plus serré possible, tout en gardant le maximum d’amplitude de mouvement et sans nuire à la respiration. »
On vous conseille de vous référer aux chartes de grandeurs exhaustives des fabricants. Elles sont très précises et sauront bien vous guider pour la taille qu’il vous faut. Vous trouverez un exemple juste ici en cliquant sur Fit Guide de Rip Curl.
Le type d’activité
Il existe maintenant une panoplie de wetsuit, que ce soit pour le surf, le kayak, la plongée, le triathlon, etc. Ils ont tous leurs avantages et inconvénients selon le sport pratiqué. Par exemple, une combinaison pour la plongée sous-marine est très chaude, mais offre peu de liberté de mouvement. Celui pour la nage en eau libre est très mobile et flexible, mais n’est pas très durable : à éviter pour un sport comme le surf où il y aura contact avec la planche.
Assurez-vous donc de choisir le bon type de wetsuit avant de vous lancer à l’eau!
L’épaisseur du néoprène
Les combinaisons s’offrent selon différentes épaisseurs, qui sont la plupart du temps identifiées en millimètres. Par exemple, qu’est-ce que veut dire un wetsuit 4/3? Que la combinaison est construite avec des matériaux de 4mm et 3mm. Le chiffre le plus gros est utilisé pour le tronc, c’est-à-dire les panneaux du dos et du devant qui doivent garder les organes vitaux au chaud et qui demandent moins de flexibilité. Le chiffre le plus petit réfère aux manches, aux jambes et au reste de la combinaison qui demande davantage de souplesse. Pour les combinaisons de printemps ou d’été, il y a souvent qu’un seul chiffre (exemple : 2mm), ce qui signifie qu’elle est conçue avec du 2mm dans son intégralité.
Bien que d’une personne à l’autre, différents facteurs puissent influencer la résistance au froid, voici un tableau qui permet de mieux comprendre les épaisseurs en fonction de la température de l’eau.
Au-dessus de 23°C | 73°F – Rash guard & boardshorts
19° – 23°C | 66°-73°F – Springsuit ou shorty 2mm
15° – 20°C | 59°- 68°F – 2mm longsleeve springsuit ou Wetsuit 3/2
12° – 17°C | 54° – 63°F – Wetsuit 4/3 avec option de chaussons
9° – 13°C | 48° – 55°F – Wetsuit 5/4 avec option de chaussons, gants/mitaines & cagoule
En-dessous de 9°C | 48°F – Wetsuit 6/5 avec option de chaussons, mitaines & cagoule
Les options ZIP
FRONT ZIP
Le zip avant va du haut du cou jusqu’au torse. Cette ouverture vous permet de rentrer dans votre combinaison par le haut sans problème. Les front-zips sont faits pour les eaux chaudes et sont souvent sur des springsuits.
BACK ZIP
Les zips dans le dos s’ouvrent de la nuque jusqu’au bas du dos. Le grand zip vous permet d’enfiler et de retirer la combinaison rapidement, parfait pour les débutants. Le zip est moins souple et moins imperméable que le néoprène ; cette combinaison est adaptée aux climats assez chauds.
CHEST ZIP
L’avantage d’un zip au niveau de la poitrine est la souplesse et la chaleur que le néoprène procure, des épaules jusqu’au dos. Ces combinaisons sont un peu plus difficiles à enfiler, mais protègent davantage la pénétration de l’eau.
ZIP FREE
La dernière nouveauté, l’ouverture est au même endroit qu’un Back ou un Chest Zip mais elle est plus petite et se referme avec des cordons élastiques. La petite ouverture rend les combinaisons sans zip plus difficiles à enfiler, mais offre une souplesse incomparable et sont de loin les plus confortables sur le marché.
Les qualités de néoprène
La qualité du néoprène varie beaucoup et c’est souvent ce qui fait monter ou descendre le prix du wetsuit. Plus le néoprène est de bonne qualité, plus il sera flexible et chaud, mais en contrepartie plus cher et plus fragile. Le néoprène peut aussi être recouvert à l’intérieur d’un tissu laineux naturel ou synthétique, souvent disponible sur les combinaisons plus épaisses, ce qui rend le wetsuit encore plus chaud. Il sèche également plus rapidement et devient plus facile à mettre, même une fois mouillé.
Les coutures
Avec les nouvelles technologies, les coutures deviennent plus imperméables, plus souples et durent plus longtemps, offrant des combinaisons toujours plus confortables.
COUTURES FLATLOCK (À PLAT) : Ce type de coutures se retrouvent souvent sur les combinaisons moins dispendieuses, elles ne sont pas entièrement étanches, mais elles conviennent aux combinaisons et aux accessoires en néoprène conçus pour les eaux plus chaudes.
GBS – COUTURES GLUED AND BLIND STITCHED (COUSUES/COLLÉES) : Les morceaux de néoprène sont d’abord collés ensemble et ensuite cousus avec des points invisibles sur la partie collée. Avec cette technique, la matière n’est cousue que d’un seul côté, ce qui ne troue pas le matériel. Résultat : une couture encore plus imperméable et très flexible.
COUTURES TAPED/WELD (SOUDÉS AVEC JOINTS LIQUIDES): Ces coutures se retrouvent sur les combinaisons haut de gamme. Les morceaux sont soudés ensemble puis recouverts par un ruban élastique à l’intérieur et/ou à l’extérieur. Considérées comme les meilleures coutures, elles sont très durables.
Les gants, bottes et cagoules.
Comme ta grand-mère te disait, c’est par les extrémités qu’on perd notre chaleur. Alors pour les eaux froides du Nord-est vous aurez surement à vous équiper de bottes, mitaines / gants et cagoule. Sur les combinaisons d’eau froide, la cagoule est souvent incluse sur la combinaison. Pour ce qui est des bottes et des gants, vous en trouverez de différentes épaisseurs – 3mm, 5mm, 7mm.
Ce sera votre endurance au froid et les conditions dans lesquelles vous jouez qui déterminera vos besoins. Certains ne portent que des bottes de 7mm tandis que d’autres se sont toujours débrouillés avec des bottes de 5mm. On vous conseille de tester plus épais que pas assez! Pour du surf en eau froide et des idées de destinations, regardez notre série Bon Voyage en Irlande!
Entretien
Le néoprène est très solide et durable, mais il y a toutefois quelques règles d’entretien importantes si vous voulez le garder longtemps: 1. Enfilez et enlevez votre combinaison avec précaution. Évitez de piler dessus et d’étirer les coutures. 2. Rincez-le après usage, surtout si vous avez été dans l’eau salée. 3. Faites-le sécher à l’envers (l’intérieur vers l’extérieur), sur un cintre en plastique et suspendu par la taille (surtout pas par les épaules), dans un endroit aéré et à l’ombre. 4. Souvenez-vous que le soleil est l’ennemi de votre néoprène. 5. Une fois sec, retournez-le pour continuer de sécher l’extérieur.
Le soleil est l’ennemi de votre néoprène.
Le Velcro peut aussi endommager le néoprène alors portez une attention aux velcros sur votre combinaison et sur vos accessoires. Pour terminer; lavez le wetsuit dans une eau tiède au moins deux fois par année avec du Piss off de Rip Curl. C’est un savon biodégradable, antibactérien qui s’attaque aux champignons ou moisissures. Réparez rapidement vos petits trous avant qu’ils ne deviennent trop grands. Faites-le vous-même avec un wetsuit repair kit (disponible dans votre local surf shop) ou envoyez-le dans un centre de réparation du manufacturier.
De cette façon, vous conserverez vos combinaisons le plus longtemps possible.
Le secret d’Hugo
Quand votre combinaison est mouillée entre deux sessions et qu’elle devient alors très difficile à enfiler, prenez un sac de plastique et mettez-y votre pied avant d’enfiler la jambe du wetsuit. Vous verrez ça glisse beaucoup mieux. Répétez avec un sac pour l’autre pied et les bras et vous gagnerez un temps fou… en plus d’éviter quelques sacres.
Le wetsuit écologique
Le néoprène est un matériau très néfaste pour l’environnement, ce qui fait peu de sens pour les amoureux de la nature et de l’eau que nous sommes. En plus d’être fait à base de pétrole, son processus de fabrication complexe est très gourmand en énergie. Heureusement quelques compagnies ont commencé le développement de matériaux alternatifs afin de réduire l’empreinte écologique de leur wetsuit. Ils ont récemment développé une nouvelle technologie à partir d’un caoutchouc naturel provenant d’un arbre (Évéa). Pour extraire sa sève caoutchouteuse, on l’entaille un peu comme ont fait avec nos érables à sucre. C’est un procédé certifié FSC par la Rainforest Alliance. Cette démarche permet de fabriquer une combinaison durable et ultra performante tout en étant respectueux de l’environnement. Nous espérons que tous les manufacturiers suivront, puisque le procédé n’a pas été breveté, il a plutôt été partagé avec toutes les grandes compagnies de wetsuit.
Bonne baignade!