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« Welcome to Tijuana, tequila sexo y majijuana »
Manu Chao
Nous avons passé la frontière à bord de notre vieux Pathfinder. Les planches sur le toit, tentes, duvet, wetsuits et glacière dans le coffre. Nous nous accrochons au guide que nous avons acheté dans un surf shop de San Diego et que nous lisons religieusement depuis bientôt 2 semaines. Ce guide est la seule source d’information valable que nous avons pu trouver. Sur internet, les surfeurs américains ne sont pas trop bavards à propos de cet endroit qui n’est pourtant qu’à quelques kilomètres de chez eux. Les seuls conseils que nous avons reçus avaient pour but de nous mettre en garde sur les dangers de cette expédition : « il y a eu 10 américains tué la semaine dernière », « ne descendez pas plus bas que Ensenada après il n’y aura que des bandits », « je ne sais même pas si il y a des vagues »…
Le guide était pourtant moins alarmant. Certains conseils étaient clairs et sans appel : ne conduisez pas de nuit, dormez toujours dans des campings surveillés, ne vous arrêtez pas sur le bord de la route pour camper. Les lignes qui nous ont cependant le plus intéressées étaient celles qui parlaient de vagues parfaites sans personne à l’eau.
Au moment du passage de la frontière, il y a ce petit pincement au cœur où les histoires que les américains ont racontées vous reviennent. C’est désagréable, mais ne vous arrêtez surtout pas à ça, vous ne pourriez pas faire de pire erreur. Le ventre noué, nous cherchions juste à traverser Tijuana et arriver le plus vite possible au sud d’Ensenada. Au nord de cette petite ville tout est américanisé, les odeurs sont un peu différentes de San Diego mais les routes sont encore goudronnées. Il y a même internet et un starbuck.
Une fois passé Ensenada c’est une autre histoire.
Ici commence la baja que vous voulez découvrir. Celle des routes en terres, des taquerias et des vendeurs de légumes sur le bord de la route.
Notre objectif était de nous rendre jusqu’à Cabo San Quitin pour arriver au bout d’une pointe où nous serions seul.
Nous ferrons un premier arrêt dans un «camping » sur une plage devant une épave de bateau. Une droite un peu molle déroule longtemps et c’est l’heure de la première session. Nous sommes 3 dans l’eau, moi et 2 otaries. Ça change de la Californie. En sortant de l’eau on se cuisine quelques légumes sur le feu. Nous dormons d’un sommeil léger. Les histoires des américains résonnent encore dans nos esprits. Pourtant, nous sommes tous du même avis : l’aventure s’annonce fantastique.
Notre second objectif : le village de Los Volcanoes. Après avoir plié la tente nous repartons pour plusieurs heures de routes. Nous arrivons vers 3h de l’après-midi.
Après avoir acheté, de la viande, de la glace, de la bière, de la téquila, des légumes (bien meilleurs que tout ceux que vous trouverez au US), de l’eau potable, du riz et des pâtes à San Quitin. Nous faisons le plein, il n’y aura plus de station d’essence, notre bidon de gaz est lui aussi rempli religieusement.
La vrai expédition commence.
La nuit à Los Volcanoes sera plus calme, nous prenons l’habitude. Les locaux ne sont pas très bavards, mais nous nous sentons en sécurité. Le lendemain après un match de soccer avec les enfants, sur le terrain de foot de l’école nous descendons le long de la pointe.
Ne vous aventurez pas là bas sans un vrai 4×4. Le Pathfinder a beau être vieux, c’est un véhicule qui a été conçut pour rouler dans des conditions plutôt originales. Nous roulons sur les dunes sans aucun problème et nous arrivons au bout de la pointe. Maintenant, il est temps de chercher la vague. Après avoir marché pendant quelques minutes, nous arrivons dans une baie et la configuration semble adapté. Nous nous asseyons en attendant le set. Nous ne sommes pas déçu. La vague traverse 2 baies et il y a une petite section tubulaire entre les 2. Le swell n’est pas très solide et la vague ne dépassera pas les 5 pieds pendant notre séjour. Mais elle est belle et longue. Nous installons les tentes et nous célébrons notre découverte à la téquila.
Après la session de surf du lendemain, il est temps de partir explorer un peu les alentours. Nous découvrirons 2 casiers de pêche échoués et une carcasse de baleine. Nous ferons des tabourets pour s’asseoir autour du feu avec les vertèbres du gros poisson et nous partons poser les casiers avec notre longboard.
Le soir même se sera un festin : moules aux herbes de baja et crabe. Le reef sur lequel déferle la vague est recouvert de moules et à marée basse il nous suffit d’aller les cueillir. Avec les coquillages écrasés nous remplirons les casiers pour attraper les crabes. Nous étions parti avec une lance hawaïenne (un harpon cheap) et des masques. Nous passerons les 5 jours suivant à manger du poisson grillé et du crabe. La vague est constante et facile a surfer. Notre groupe était constitué de surfeurs de différents niveaux et chacun aura plusieurs bonnes vagues par session.
Pourtant bières et l’eau potable seront les premières choses à nous manquer. Nous déciderons alors de rentrer pour San Diego. En s’arrêtant en chemin pour manger quelques tacos de viandes et des pâtisseries locales.
La Baja est une aventure accessible aux courageux. Armez-vous d’une canne à pêche, d’un fusil harpon, de planches pour des vagues de 1m jusqu’à 2m50 et n’attendez pas. C’est encore une des rares régions où vous trouverez un isolement aussi absolu. Si jamais vous passez par la Californie, prenez le temps de partir découvrir la Baja !