Comment Puerto Escondido est devenu la Mecque du surf au Mexique

L’image de Puerto Escondido à l’étranger, c’est d’abord les énormes vagues s’échouant dans la baie Zicatela prisée des surfeurs les plus avancés. Ce spot, surnommé le « Pipeline du Mexique » en référence aux mythiques vagues hawaïennes, est longé par la rue El Morro. Une artère où les enseignes sont faites à partir d’une planche de surf recyclée et où on sort boire un verre le soir.

Crédit photo couverture: Todd Glaser

Zicatela, Puerto Escondido. Crédit photo: Todd Glaser

Cette âme si particulière qui anime aujourd’hui Puerto Escondido a commencée à se développer dans les années 70 avec le mouvement hippie et l’affluence des surfeurs californiens. Un phénomène qui a d’ailleurs motivé les Mexicains de l’époque à se lancer dans le domaine du surf sous tous ses angles. Certains louaient même leurs cabanes et leurs hamacs aux visiteurs. Des initiatives qui ont fait boule de neige et qui ont utlimement contribué à l’essor de Puerto Escondido et à la renommée intarissable qu’on lui connait.

La première génération de surfeurs

S’il y a une famille qui a marqué la culture du surf à Puerto Escondido, c’est bien les Salinas. Angel Salinas surfe depuis plus de 40 ans et il continuera à le faire tant qu’il en aura la possibilité. Il est propriétaire de la boutique Central Surf dans Zicatela et suit l’évolution du sport depuis son apparition au pays. Enfant, il jouait au soccer mais à 7 ans, en voyant des surfeurs américains à la Bahia Principale, il en a « la chaire de poule. » Il décrit ses premières planches dans les moindres détails.

« Les surfeurs américains donnaient aux enfants leurs planches brisées, ou alors ils les jetaient et nous on fouillait dans les poubelles. On avait tous le ventre égratigné à cause de la fibre de verre qui nous rentrait dedans. » Angel Salinas, surfeur local

Line-up bien rempli à Zicatela. Crédit photo: Todd Glaser

À l’époque, son père ne voulait pas qu’il fasse du surf. « Le stéréotype du surfeur c’était le beach bum, drogué et saoul. Mais à 8 ans, ma mère m’a acheté une planche de surf pour 150 pesos (l’équivalent de 10$ CAD), avec une queue cassée, un seul aileron et un espèce d’élastique comme leash. » Angel a ainsi été le premier surfeur de sa famille. Ses six frères l’ont suivi et le surf est devenu une affaire familiale. Un de ses frères l’enseigne, un autre produis des vêtements. Roberto Salinas a même été le premier surfeur professionnel du Mexique et le premier à avoir remporté un championnat national.

L’alignement des astres

Dans ces années-là, Puerto Escondido a été officiellement révélée lors d’une éclipse qui a attiré des voyageurs venus l’observer. Une première photo de Zicatela parue dans le magazine Surfer fait connaitre la ville à l’international. « Puis, des surfeurs de partout, Hawaii, Australie, ont convergé pour découvrir une vague de qualité. » Les surfeurs étaient encore mal vus dans ce temps-là. « Puis les gens commençaient à changer de mentalité pour investir dans le surf, ça a révolutionné le commerce à Puerto Escondido. »

Malgré la croissance des commerces, toujours pas de fast-food en vue. Pas de chaines hôtelières non plus au grand bonheur des voyageurs à la recherche d’authenticité. Ici les maisons sont colorées et leurs propriétaires, héritiers depuis des générations, louent des chambres sur leurs terrains. L’instabilité politique de la région explique également l’absence d’investissements étrangers dans l’industrie touristique. Un équilibre semble avoir été trouvé aux yeux d’Angel, qui comprend qu’un minimum de tourisme est nécessaire à l’économie locale. « Sayulita, Puerto Vallarta sont monopolisées par les Américains, mais Puerto Escondido n’a pas besoin de pub, et se fait connaitre de bouche à oreille » explique Angel avec fierté. « Son or, sa garantie, c’est sa vague. Puerto Escondido se vend toute seule. »