Côte Est - Évènements
Le rassemblement annuel Surf Re-Evolution organisé par les shapers de Grain Surfboards avait lieu à York samedi le 24 septembre dernier. On a réglé notre alarme à 5h du matin histoire de profiter pleinement de ce qui représente un incontournable pour les surfeurs du Maine et des environs. Avant de partir, on a écrit à l’équipe de Grain Surfboards pour en savoir plus et c’est le shaper Nolan Collins qui nous a répondu. On est donc parti à sa recherche sans se douter qu’on allait en apprendre une tonne en cours de route.
Pas même 5 minutes après notre arrivée à York, on entend déjà parler du Surf Re-Evolution en arrêtant dans un surfshop de Long Beach. Preuve à quel point cet événement a grandi de façon fulgurante depuis sa naissance il y a six ans. Ce qui à la base était un rassemblement entre amis et voisins est devenu un party accueillant plusieurs collaborateurs et plus d’une centaine de personnes de tous les âges. Un engouement qui n’a toutefois pas altéré l’essence «roots» de l’événement.
Crédit photo: Vincent Dessureault et Sophie Lachance
Pour la cause
Un sport aussi naturel engendrant un équipement aussi polluant: c’est ce qui a motivé Grain Surfboards à renouer avec l’essence du surf. Leurs planches de bois provenant des forêts environnantes sont entièrement fabriquées à la main en utilisant le moins de matière première possible, contrairement à d’autres shapers utilisant eux aussi le bois. Avec ce soucis de l’environnement, on est donc pas surpris de voir Surfrider Foundation être de la partie, dont les activités visent à protéger le terrain de jeux des surfeurs. Un beach clean up et une démo de planche «Paipo» et «Alaia» avait aussi lieu en début de journée à Long Beach. Résultat: 30lbs de déchets en moins, qui se seraient autrement retrouvés à l’océan.
Leçons de shaping
Divers shapers tiennent tour à tour des workshops devant une petite foule dans le shaping room de Grain. Brew Moscarello, John Wegener, Jacques Beriau et Ryan Lovelace partagent leurs visions et techniques de shaping. Ryan, gagnant du dernier concours Boardroom Show, explique notamment les subtilités derrières ses créations: des fins jusqu’à la répartition du volume, afin de leur insuffler le «groovy, flowy, old school feeling» qu’il recherche.
«Community first»
La musique, le film de surf The Zone, les expositions d’art, le gear swap et les différentes stations de bouffe permettent à leur façon de rendre la soirée divertissante. Au-delà de ça, ce sont les gens qui donnent le ton. Des familles, des enfants, des ados, de jeunes couples et de moins jeunes: c’est toute une foule diversifiée qui fait la beauté de cette 6e édition du Surf Re-Evolution.
À un certain point, on commence à chercher parmi cette foule notre contact Nolan Collins. On demande au hasard à un gars qui a l’air du coin, JB (qui insiste sur sa date de naissance, c’est 1974 okay kid?) s’il le connait. Eh oui, en plus il a son numéro. Il le texte et nous explique pendant ce temps qu’on assiste à beaucoup plus qu’un rassemblement de surf.
« It goes beyond just surfing. It’s about community. There is something about Grain that feels natural. They understand what community is like, friendship, to give back. It’s a journey. » – JB
C’est près de l’énorme feu qui vient d’être allumé qu’on trouve enfin Nolan. «This guy is glowing!», lance une de ses amies en sa direction. Nolan a effet l’air dans son élément, malgré du fait nous explique-t-il que cette foule ne représente pas son quotidien. Pas plus d’une dizaine de personnes se trouvent habituellement sur les lieux, et cette année est définitivement celle ayant rassemblée le plus de monde. Nolan, qui enseigne l’art du shaping à travers des workshops sur la côte Est et Ouest des États-Unis, nous explique à quel point Grain Surfboards est dévoué envers la communauté… mais rendu-là, on commence à le savoir. On profite donc du moment pour simplement jaser au-dessus de nos bières.
Et les kooks du Québec là-dedans?
Un rassemblement aussi ouvert d’esprit mais personnel à la fois pose son lot de questionnements quant à notre présence. Les French Canadians surfers sont-ils réellement les bienvenus dans les eaux de la côte Est? Après quelques IPA dans le nez, on s’est lancé et on a posé la question qui tue à un ami de Nolan.
« It’s bad. And it’s good. It’s about wanting to share what we value, to have people realize what we have here. But it’s also about wanting to preserve that value. » – Ian Knowles
Ian, à la fois surfeur originaire du coin et entrepreneur à Brooklyn, compare la situation à un resto déjeuner où un habitué se rend chaque jour. Il reçoit sa commande en premier, de façon constante, bref un très bon service. Puis un jour, de plus en plus de clients se rendent au resto. La dynamique change: le service est plus lent, il reçoit sa commande après les autres. Une analogie plutôt simple mais efficace qui permet de mettre les choses en perspective et de comprendre la valeur que les locaux accordent aux vagues foulant leur côte.
Chose certaine, ce ne sont pas que les flammes du bonfire qui nous ont fait sentir au chaud à la fin de la soirée. Le cercle s’étant formé à ses alentours était chaleureux et on se sentait les bienvenus parmi nos voisins américains, peut-être même un peu plus que dans le line-up.