Culture - USA
Surfside Beach, “Surfside” pour les intimes c’est avant tout une petite ville au sud du comté de Brazonia au Texas. Et surement le seul endroit au monde qui a un surf break appelé « Assholes” par les surfeurs envieux des propriétaires de maison de ce petit coin paisible du Texas. On parle de 500 personnes, dont une centaine de familles qui y résident. Bordé au sud-est par le golfe du Mexique et au sud-ouest par l’entrée du port de Freeport, ses côtes ne bénéficient pas des mêmes vents favorables à la houle que la Floride, mais en laissent juste assez pour nourrir la culture du surf de la région. Outre lorsqu’elles reçoivent Harvey en plein visage…
Quelques semaines avant que la catastrophe naturelle n’éclate, Ouisurf était sur les lieux pour surfer avec le “master” de la place : David Cunningham, un shaper local qui après avoir surfé bon nombre de spots iconiques dans le monde, a tout de même décidé de choisir le Texas pour répandre son expertise et sa bonne vibe, chasser, pêcher et passer du temps avec sa famille. Après tout, le Texas est sa maison, aussi bien en tirer profit!
David Cunnigham, pionnier de la culture surf texane
Shaper pour Horizon Board Company et designer de canne à pêche à la mouche pour Marshfly USA, David a choisi de poursuivre sa carrière au Texas, notamment en raison de l’accessibilité et des faibles coûts des matériaux. «J’ai commencé à shaper mes propres planches, car je ne voulais pas sacrifier la qualité au regard du prix. Même chose pour les cannes à pêche. Disons que j’ai toujours eu de la misère à acheter des choses que je peux apprendre à construire par moi-même.» Autodidacte, il assure à sa manière, un avenir pour le sport au Texas. «Je pense qu’il est important pour les surfeurs d’être honnêtes quant à leur capacité et aux conditions dans lesquelles ils doivent évoluer. Ceci dit, à titre local, je suis fan de lignes plus larges, de légères augmentations de volume et de configurations de fins qui opèrent pour des conditions de vagues plus lentes et plus petites. » Influencés par la fin des annés 60 et 70 ainsi que par le style des grands surfeurs de ces époques : Larry Bertleman, Billy Hamiltone et Gerry Lopez, ses modèles épousent des lignes classiques/rétro à la technologie contemporaine. «Je pense que ce qui fait que mes surfs sont uniques, c’est leur mélange du passé et du présent.» Ça tombe bien, les fish et les longboards, sont les planches clés de David pour surfer Surfside Beach! Le shaper se réjouit de l’ouverture des mentalités des surfeurs quant à l’utilisation de planches variées. « Il y a vingt ans, un surfeur n’avait pas le réflexe de surfer ce qui était bon pour lui, il ne faisait que suivre la tendance, qui était au shortboard…J’espère que cette ouverture d’esprit poursuivra, puisqu’elle élève la pratique du surf ici au Texas.»
Le surf à Surfside Beach et les environs
Après une bonne leçon d’humilité et de sagesse avec David, Ouisurf a pris d’assaut les vagues texanes. Bon, ce n’était pas la session du siècle, mais assez pour comprendre qu’il y avait du potentiel. On s’imagine qu’avec des conditions plus favorables, il y a de quoi rassasier les surfeurs du coin. Bien qu’on entend rarement parler du forecast de Surfside Beach, il est possible de le lire sur Surfline, au même titre que tous les autres spots de surf.
Pour les surfeurs d’Houston et à proximité d’Austin, Surfside est l’un des spots les plus accessibles et les plus fiables. On retrouve plusieurs types de vagues, dont la plupart peuvent accueillir du gros swell et réellement s’enflammer lors des tempêtes. Les piers sont longs, créant de plus solides et profondes vagues qui déroulent. Lorsque les vents soufflent de l’E-NE, les breaks sont plus propres que ceux du nord. Notamment, il faut surfer Quintana Jetty, le 61st Street Pier et Octagon, mais c’est le break Surfside (au même nom que la plage et la ville) qu’il faut prioriser. Toutefois, c’est probablement le secteur de surf le plus fréquenté au Texas en raison de sa proximité avec les principales régions métropolitaines.
Il existe d’autres spots plus au Nord, notamment dans les villes de Jamaica Beach et Galveston. Au sud, South Padre Island demeure l’épicentre de la scène du surf Texas. À éviter en mars et avril, lorsque les étudiants débarquent pour le springbreak. À l’opposé, Mansfield Jetty est le spot pour surfer seul, à raison d’aimer l’aventure. Le seul moyen de s’y rendre est de conduire 104 km au sud sur la plage à partir de Port Aransas ou 48 km au nord de South Padre Island à partir du Parc National de Padre Island National Seashore. Entre Surfside et South Padre Island, Matagorda offre des vagues plus rapides et puissantes à raison d’aimer surfer dans l’eau brune. Cela s’explique principalement par le ruissellement du fleuve Mississippi qui se déverse dans le golf, d’un mélange important de limon emporté par le courant et de la pollution.
Oui, mais à quel prix?
Si Surfside Beach a des airs angéliques, à la « California Style », en dehors de sa zone résidentielle, se révèle une grande zone industrielle qui décharge inévitablement son lot de pollution dans le golf, sans compter l’empreinte du trafic maritime – la voie navigable intercostale traverse la partie nord-ouest de la ville. Sans surprise, le Texas est le deuxième plus grand pollueur d’eau du pays avec ses 34 millions de livres de produits chimiques toxiques libérés dans les cours d’eau. Deuxième après l’état d’Indiana, mais lorsque la toxicité de la pollution est prise en compte, le Texas dépasse largement tous les autres états. Presque toute cette toxicité provient d’une seule source: l’usine Dow Chemical Company à Freeport. La ville qui entoure littéralement Surfside Beach.
Malgré la pollution envahissante et les ouragans dévastateurs qui touchent le Texas, la culture du surf est indestructible et porte un message positif pour l’avenir. Elle voyage dans l’expérience et l’esprit des surfeurs à la recherche d’un mode de vie plus connecté à leurs valeurs qui va bien au-delà de la quête d’une vague parfaite. Après tout, David n’aurait pas choisi de rester au Texas uniquement pour surfer. Partager sa passion en offrant des planches adaptées aux breaks texans est plus fort et rassembleur que tout le reste.