Du surf en Iran?

Les «ouï-dire» disaient vrai, il est possible de surfer en Iran. BERIM en est la preuve. Le projet multimédia met en lumière la communauté grandissante de surf en Iran. Exprimé sans prétention, par le biais de la vidéo, de la photo et de la création de planches de surf sur mesure, Damien Epiney, Tim Cachot et Naomi Gallay laissent de côté les montagnes enneigées de la Suisse pour les vagues iraniennes. Leur passion commune pour le surf les unit à une famille de surfeurs iraniens particulièrement dévouée, dans un voyage qui dépasse largement sa destination. De la Suisse à l’Iran, ils nous racontent intimement leur projet, par la voix de l’un des voyageurs-créateurs : Damien.

Crédits photo : Damien, Tim et Naomi

L’appel de la mer, en montagnes

La voix de Sina Shamyani, guide de ski hors-piste en Iran, résonne encore dans ma tête « Of course you can surf in Iran ! »  C’était en hiver 2015, nous étions en chemin pour Dizin, une station de ski se trouvant à quelques heures au nord de Téhéran. Notre guide de montagne conduisait son vieux bus d’exploration à travers le trafic de la capitale, flatté par d’imposants drapeaux vert, rouge et blanc qui fendaient l’air avec une douce autorité. Il faut dire que dans notre coin de pays,  ça nous arrive souvent de rêver aux vagues tout en nous dirigeant vers les sommets enneigés. Mais cette fois-ci, les mots de Sina avaient quelque chose de trop intriguant pour les laisser s’envoler : «…Baluchistan, Chabahar, Ramin, des plus grosses vagues vers la frontière du Pakistan, Abed, des locaux super accueillants, en sécurité et si bien accompagnés!»

We ride in Iran

En 2013, Arnaud Cottet et Benoît Goncerut créent, au retour de leur premier voyage dans les montagnes iraniennes, « We ride in Iran », un réseau rassemblant des amateurs suisses et iraniens des sports de glisse. Deux ans plus tard, nous nous lançons avec quelques amis dans la fabrication de planches de surf, au sein d’une ancienne ferme transformée en commune d’aventuriers, à Lausanne, en Suisse.  Le lien était créé, la rencontre avec la culture de surf iranienne était amorcée. Avec nos casquettes de «surfeur suisse», nous n’avions pas beaucoup de crédibilité le long des côtes, mais avec nos humbles connaissances et expériences en mer, on espérait tout de même rencontrer la communauté iranienne vivant au bord de l’eau.

Ramin

La magie opéra dès notre arrivée sur place à Ramin, en septembre 2016, tant l’accueil fut chaleureux, tant la générosité et le partage furent profonds et sincères. Nous voulions créer un dialogue à travers les planches réalisées pour l’occasion de cette aventure et nous avons découvert tout un univers d’échanges réciproques, que la barrière linguistique n’a su perturber.  

C’est donc dans notre shaping room, anciennement chambre des domestiques du domaine agricole, que l’aventure démarre. Nous collaborons avec « We ride in Iran » pour réaliser des planches qui conviennent aux vagues du Sud est de l’Iran, générées par les houles de l’océan Indien. C’était pour nous un réel plaisir de travailler avec nos amis et ainsi permettre d’offrir une plus grande visibilité aux activités des locaux de Ramin. Ces derniers étaient agréablement surpris et fiers de voir une inscription en Farsi (langue locale) sur des planches de surf ! Désirant promouvoir le sport dans la région en offrant des leçons, la location du matériel et l’hébergement, Abed Fuladi, responsable des projets de développement du surf dans la région, s’est montré très enthousiaste de ce partenariat avec « We ride in Iran ».  Depuis l’introduction du surf en Iran par Marion Poizeau (France) et Easkey Britton (Ireland) en 2010, beaucoup de chemin a été parcouru pour rendre ce sport de plus en plus accessible à tous, là où l’accès à l’océan pour se divertir n’était pas ancré dans les habitudes des locaux. Ces deux femmes ont réussi un incroyable défi au sein d’une société dominée par des hommes dans une République islamique. Tous les surfeurs du coin en sont incroyablement reconnaissants.

La communauté d’abord

Nous avons rencontré le long de notre périple, des personnalités particulièrement attachantes, au sein d’une population extrêmement ouverte et bienveillante. Dans un train, un taxi, un magasin ou un restaurant, il y avait toujours quelqu’un pour venir nous parler, échanger des souvenirs et nous souhaiter la bienvenue en Iran. Les quelques personnes pouvant dialoguer en Anglais se réjouissaient de pouvoir pratiquer cette langue autrement que par les livres ou les vidéos. Loin des clichés des beach boys, nous avons ainsi appris à connaître, à l’intérieur comme en dehors de l’eau, une diversité de surfeurs : un docteur, un pizzaiolo-gymnaste dans la cinquantaine, une jeune infirmière d’une ville voisine, des touristes iraniens et des jeunes de Ramin. Tous partageaient le même enthousiasme et la même envie de profiter au maximum de l’énergie des vagues pour la transmettre au voisinage à l’heure du thé post session.

Au retour, nous avons emprunté la route entre Ramin et le Pakistan, malgré que la région du sud-est de l’Iran, le Baluchistan, ne jouit pas d’une bonne réputation. Les guides de voyages évitent littéralement de la mentionner dans leur guide. Ce n’est pourtant pas le manque de ressources touristiques qui fait défaut et encore moins l’amabilité déconcertante des gens sur place. La proximité avec une zone du Pakistan en conflit fait de l’ombre à la région. Malgré cela, nos légères appréhensions se sont très rapidement transformées en un désir profond de retourner saluer nos amis et explorer les côtes quotidiennement balancées au rythme des marées.

Pour suivre Damien et son équipe dans leurs projets respectifs :

http://www.werideiniran.com/

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