Le réveil du volcan Agung à Bali : le phénomène démystifié

Surveillé de près par les volcanologues, le réveil du volcan Agung à Bali, en Indonésie, a retenu l’attention internationale au cours des dernières semaines. Culminant à un peu plus de 3000 mètres, le volcan s’est réveillé il y a quelques mois, produisant de nombreuses secousses et libérant un impressionnant panache de fumée. À ce moment, un niveau d’alerte maximum avait été lancé et plus de 144 000 habitants avaient été forcés d’évacuer. Puisque son activité semblait s’être calmée, l’alerte avait été rabaissée et des milliers de personnes avaient rejoints leur domicile. Aujourd’hui, le volcan s’est remis à gronder et les signes d’une prochaine éruption sont toujours visibles. Perturbant le trafic aérien en engendrant la fermeture des aéroports de Denpasar et de Lombok, une zone interdite a été mise en place dans un rayon de 10km autour du cratère. L’inquiétude persiste toujours chez les habitants vivant à l’intérieur de cette zone, puisqu’encore une fois, ils ont été priés d’évacuer, laissant tout derrière eux.

Considérée comme la région volcanique la plus importante au monde, l’Indonésie compte plus de 129 volcans actifs. Étant situé sur la ceinture de feu du Pacifique, son archipel est à la collision de deux plaques tectoniques provoquant de fréquents séismes et une importante activité volcanique. Haut lieu spirituel de Bali, le volcan Agung a connu en 1963 une forte éruption qui avait duré plus d’un an et causé la mort de 1600 habitants.

L’entièreté de la surface de notre planète est recouverte d’une croûte solide et fissurée en plaques tectoniques. Formés habituellement à la rencontre de ces plaques, les volcans sont causés par la remontée et l’accumulation de magma au-dessus de la croûte terrestre, que ce soit sur les terres ou au fond des océans. Il existe deux principaux types d’éruptions volcaniques : les éruptions effusives, associées aux volcans rouges, se caractérisent par l’écoulement fluide de lave rouge, et les éruptions explosives, associées aux volcans gris, engendrant de violentes explosions et projetant des cendres volcaniques. Pourquoi le volcan du mont Agung est-il aussi craint? Parce que celui-ci est de type explosif et que son éruption engendrerait des effets dangereux et dévastateurs.

Selon Chris Colose, scientifique climatique de la NASA, pour avoir un impact climatique notable, une éruption volcanique doit être suffisamment explosive et riche en soufre.  Effectivement, les gaz et les particules de poussière rejetés dans l’atmosphère au cours des éruptions peuvent avoir une influence sur le climat. Lors d’une éruption, les volcans pulvérisent des particules, telles que le dioxyde de soufre, qui forment des composés réfléchissant la lumière du soleil et, par conséquent, refroidissent la planète. Tandis que la plupart de ces particules tombent quelques heures ou quelques jours après une éruption, les plus petites pénètrent dans la stratosphère et sont capables de parcourir de grandes distances. Ces minuscules particules sont si légères qu’elles peuvent se déplacer par les vents et provoquer un refroidissement important dans le monde entier. Selon l’ampleur de l’éruption, l’effet de refroidissement peut durer des mois, voir même des années.

Photo : Firdia-Lisnawati-Associated-Press

Cependant, il est important de considérer que les éruptions volcaniques ne nous sauveront pas du réchauffement climatique causé par l’Homme, puisque les changements induits par de tels événements se dissipent rapidement. Effectivement, les volcans contribuent au réchauffement planétaire à long terme et au refroidissement global à court terme. Libérant de grandes quantités de gaz à effet de serre, tels que la vapeur d’eau et le dioxyde de carbone, certaines périodes au cours de l’histoire de la Terre, où d’intenses activités volcaniques sont survenues, ont augmenté de manière significative la quantité de dioxyde de carbone qui, en emprisonnant la chaleur dans l’atmosphère, a causé un réchauffement climatique considérable.

Heureusement, depuis les dernières décennies, les techniques de surveillance se sont grandement améliorées, les risques sont mieux connus et surtout les populations locales sont davantage informées.  De nouvelles technologies nous permettent aujourd’hui d’analyser la progression des activités volcaniques, de prévoir toutes éruptions possibles et d’éviter d’éventuelles catastrophes. L’une des méthodes les plus utilisées consiste à l’enregistrement d’activités sismiques, souvent indétectables chez les humains, mais primordiale dans la caractérisation d’une éruption prochaine. La mesure des émissions de gaz s’échappant des volcans est quant à elle tout aussi importante, puisque la variation de leur composition et de leur concentration permet de connaître la profondeur du magma, et ainsi, de prédire toutes éruptions imminentes.

Photo : Sonny Tumbelaka, Agence France-Presse

Les volcans ont joué un rôle important dans l’imaginaire des peuples. Si certains les ont attribués à l’incarnation de certains dieux, d’autres ont considéré le mouvement de leur magma à celui des esprits. Somme toute, malgré les différentes croyances mythologiques qui leur sont associées, il reste à considérer que les phénomènes volcaniques sont à l’origine de toute vie sur notre planète et qu’ils ont permis la création de notre atmosphère et la fixation d’un climat propice à notre survie. 

Pour en savoir plus au sujet des volcans, le documentaire Into The Inferno sur Netflix présente des images à couper le souffle tout en démystifiant le phénomène naturel.